Champion, gâchis, Chine : les 3 mots de la semaine de Dominique Seux

Champion

Luc Rémont , le patron d’EDF, obtient la première place et une note de 16,07 sur 20 à un classement atypique que les dirigeants des grandes entreprises regardent toujours avec la plus grande attention. Tous les deux ans, le cabinet VcomV de Vincent de La Vaissière interroge longuement 150 journalistes économiques, spécialisés ou d’encadrement, et leur demande d’évaluer anonymement les performances des patrons.

Le cru 2024, qui concerne les entreprises ayant un lien fort avec l’Etat (sphère publique au sens très large) et que nous dévoilons ici, donne donc le meilleur score à Luc Rémont, qualifié de « révélation » et de « coup de coeur des rédactions ». A quel titre ? Pour avoir remis en route la machine industrielle, parce qu’EDF eu le sens des priorités (l’interne avant l’externe) et a fait preuve de caractère face à l’Etat-actionnaire. Croisons les doigts, la mise en route de l’EPR de Flamanville cet été couronnerait le tout ! Les quatre places suivantes sont attribuées, dans cet ordre, à Guillaume Faury (Airbus), Ben Smith (Air France-KLM), Eric Trappier (Dassault), Patrice Caine (Thalès) et Pierre-Eric Pommellet (Naval Group). Les journalistes ne sont pas rancuniers : ces cinq-là se distinguent par une parole plutôt rare et une sobriété médiatique assumée.

Gâchis

Comment torpiller de vrais sujets de réflexion et de nécessaires réformes économiques et sociales ? Ces dix derniers jours ont, hélas, apporté la réponse du gouvernement : en les abordant par la petite porte, avec l’objectif évident de « cliver » avant un scrutin européen délicat. Un, c’est certainement une riche idée d’ouvrir le chantier d’une (petite) individualisation des salaires dans la Fonction publique. Mais pourquoi angler le débat sur les licenciements d’agents publics ? C’est braquer inutilement d’entrée les intéressés.

Deux, c’est une piste utile de sanctionner les patients qui prennent un rendez-vous chez le médecin sans l’honorer (taxe lapin). Encore aurait-il fallu se mettre au préalable d’accord avec Doctolib pour que la plate-forme ne ridiculise pas Gabriel Attal, en se faisant le défenseur des données personnelles ! Trois, c’est vrai, pourquoi ne pas revoir les conditions d’accès aux HLM ? Mais mettre dès le début l’accent sur les occupants indus (8%) garantit la polémique. A chaque fois, bruit maximal, mais certitude d’aboutir faible. Re-hélas.

Chine

La visite du président Xi Jinping à Paris , début mai pour célébrer le soixantième anniversaire de la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine, a fait l’objet de négociations ardues. Emmanuel Macron aurait voulu que Paris ne soit pas qu’une étape parmi d’autres du premier déplacement du dirigeant chinois en Europe depuis 2019 : les arrêts envisagés en Serbie et en Hongrie, deux alliés de Poutine contre l’Ukraine, enverraient un drôle de signal… Lundi, à l’heure où ces lignes ont été écrites, on ne savait pas ce qu’il en sera finalement. En revanche, on connaît les sujets économiques à l’ordre du jour. Pékin va tempêter contre l’enquête menée par Bruxelles contre les constructeurs automobiles chinois, que Paris soutient.

De son côté, Paris cherche à obtenir de moindres rétorsions (pour « dumping » …) contre le cognac . Bref, l’ambiance ne sera pas à l’annonce de gros contrats mirifiques ! « Nous voulons lutter contre la propagande occidentale contre la Chine », résume en privé l’ambassadeur de Pékin à Paris, Lu Shaye, qui n’a jamais mâché ses mots. Tout en reconnaissant que les Etats-Unis sont tout de même bien plus « brutaux » dans leurs relations commerciales.

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