Je comprends l’attachement que plusieurs portent au nom de l’Université de Moncton. Il évoque des souvenirs précieux: les amitiés, les défis relevés, les moments qui ont façonné nos vies. Mais cet attachement ne réside pas dans un simple nom, il repose sur ce que nous avons vécu ensemble, sur les liens tissés au fil du temps et sur la fierté d’appartenir à cette communauté.
Changer de nom n’efface rien de cette histoire. Au contraire, c’est une occasion unique de se libérer d’un passé colonial douloureux. Moncton porte le nom d’un militaire britannique directement impliqué dans la déportation des Acadiens.
Pourquoi perpétuer ce lien avec une tragédie qui a cherché à nous effacer?
Choisir un nouveau nom, c’est reprendre le contrôle de notre récit, c’est affirmer notre résilience et notre fierté.
Notre université ne se limite pas à une seule ville. Elle est une institution formée de trois pôles essentiels: Moncton, Shippagan et Edmundston. Elle incarne une communauté acadienne et francophone unie par une mission commune. Adopter un nom qui reflète cette réalité, c’est célébrer notre diversité et renforcer notre unité. C’est rappeler que notre institution est bien plus qu’un lieu physique: elle est le cœur vivant de notre culture et de notre identité.
Les préoccupations exprimées par certains étudiants et membres de la communauté sont légitimes et doivent être entendues. Mais ce débat ne devrait pas nous diviser. Il doit nous rassembler autour d’une question fondamentale: quelle identité voulons-nous transmettre aux générations futures?
L’université n’est pas seulement un lieu d’apprentissage; elle est un moteur de changement et de progrès. Elle a le pouvoir de façonner les esprits, d’ouvrir les horizons et de préparer nos jeunes à un monde en évolution constante.
En adoptant un nom qui reflète pleinement notre identité acadienne et francophone, nous renforçons son rôle de phare culturel et intellectuel. Nous lui donnons les moyens de rayonner encore davantage, d’inspirer et d’attirer ceux qui partagent nos valeurs.
Un nouveau nom ne changera pas ce que nous sommes. Il consolidera ce que nous aspirons à devenir: une communauté fière de son héritage et résolument tournée vers l’avenir. Ce n’est pas un rejet du passé, mais un pas de plus vers une identité assumée et affirmée.
Le changement peut susciter des craintes, mais il est aussi porteur d’espoir. L’université restera notre alma mater, mais avec un nom qui nous ressemble enfin.
Ensemble, écrivons une nouvelle page de notre histoire, une page qui nous appartient pleinement et qui positionne notre institution comme un acteur clé du progrès et de l’évolution.
Le moment est venu d’agir, non par crainte, mais par fierté. Pour notre héritage, pour notre avenir et pour le rôle essentiel que notre université joue dans la construction d’un monde meilleur.
«Ce n’est pas le vent qui décide de votre destination, c’est l’orientation que vous donnez à votre voile.»
Michel Charette
Edmundston
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