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Black MirrorLa «maladresse humaine» est plus à craindre que la technologie
Avant la sortie de la saison 7 de «Black Mirror», Charlie Brooker s’est confié à l’AFP sur les dangers de la technologie.
«Nous vivons dans un monde dystopique», a estimé mercredi auprès de l’AFP le Britannique Charlie Brooker, habitué à imaginer le pire dans «Black Mirror», sa série d’anticipation à succès dont la 7e saison sortira le 10 avril sur Netflix.
Mais cela «crée plus d’appétit pour le divertissement», a ajouté le scénariste, en marge du festival Séries Mania à Lille, rappelant que la «maladresse humaine» est plus à craindre que les avancées technologiques au coeur de ses histoires.
À quoi ressemblera la nouvelle vague de six épisodes, deux ans après la précédente, éloignée des thématiques d’origine?
«Ce sont toutes des histoires à forte composante technologique. Il y a quelques épisodes qui sont assez désagréables et vous mettent un coup dans le plexus solaire, dans la veine des débuts de « Black Mirror ».
Il y a aussi pas mal d’épisodes très émouvants, un mélange de familier et d’inattendu. Et pour la première fois, nous faisons une suite, en poursuivant l’intrigue d' »USS Callister », un épisode de la saison 4.»
Avez-vous retrouvé de l’inspiration?
«Pendant un moment, j’ai eu l’impression que la technologie plafonnait un peu, que nous n’avions plus de réelles innovations mais juste la sortie d’un nouvel iPhone légèrement plus brillant, avec quelques caméras en plus à l’arrière. Maintenant, on dirait que c’est reparti, les gens parlent de ChatGPT, des vidéos deepfake…»
D’où viennent vos idées? Suivez-vous l’actualité?
Réponse: «J’essaie d’éviter en ce moment. Je suis une sorte de fan de technologie, donc j’essaie de lire sur le sujet et de rester à jour, mais pas pour y trouver des idées d’histoire. Elles viennent d’ailleurs généralement simplement de mes observations de la vie de tous les jours.
Cette saison, un épisode m’est venu après avoir écouté un podcast et cela n’avait rien à voir avec son contenu, mais avec quelque chose qui arrive sur la plupart des podcasts.»
En novembre 2016, après l’élection de Donald Trump, le compte Twitter de «Black Mirror» a tweeté: «Ce n’est pas un épisode. Ce n’est pas du marketing. C’est la réalité». Vivons-nous dans «Black Mirror»?
«J’espère que non. Le présent dans lequel nous nous trouvons est certainement assez dystopique. Mais notre série aborde les choses d’une manière légèrement inhabituelle, donc j’espère que le monde ne se met pas à refléter nos épisodes.
C’est difficile en tant qu’humain de vivre dans un monde dystopique, mais cela créée peut-être aussi plus d’appétit pour le divertissement.»
La technologie entraînera-t-elle la fin de l’humanité?
«L’humanité mettra fin à l’humanité. La maladresse humaine est plus problématique que la technologie, qui n’est qu’un outil. Votre montre est une technologie. Votre téléphone, c’est une technologie, mais vous pourriez probablement me battre à mort avec parce que je suis assez faible.
Je suis assez neutre vis-à-vis de la technologie elle-même, j’y suis même plutôt favorable. La série ne montre pas que la technologie est mauvaise ou malveillante. Et souvent les personnages ne sont pas nécessairement malveillants, mais il y a une maladresse ou une série de conséquences logiques qui se produisent et causent le problème. D’une certaine façon, nous sommes le problème.»
L’intelligence artificielle menace-t-elle votre métier?
«On peut espérer que non. Il y a toujours quelque chose de fade dans ce que l’IA produit. C’est vide, sans âme. Donc j’aimerais penser que les gens voudront toujours un peu de désordre humain, parce que l’art, c’est un humain qui essaie de communiquer avec d’autres humains. (…) Mais qui sait ?
L’IA est un outil qui peut être utilisé pour la création, qui a de la valeur si c’est utilisé correctement. (…) Mais il faut toujours un humain pour la guider.»
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(afp)
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