Chirurgien-dentiste à Cherbourg, Sandrine aide les plus démunis au Burkina Faso

Chirurgien-dentiste à Cherbourg-en-Cotentin (Manche), Sandrine Hardouin, 54 ans, est une professionnelle de santé très engagée. Depuis 2022, elle emploie une partie de son temps libre à soulager les plus démunis au Burkina Faso.

D’où vient votre engagement associatif et humanitaire ?

Depuis une petite dizaine d’années, je suis très engagée auprès du Rotary club, dont je suis la présidente à Cherbourg. J’ai également été la présidente de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) de la Manche. J’ai toujours eu la fibre associative. J’ai déménagé plusieurs fois et beaucoup voyagé dans ma vie. À 16 ans, je voulais déjà partir. Mais un prêtre m’avait conseillé d’œuvrer d’abord autour de moi.


Qu’est-ce qui vous a menée au Burkina Faso ?

C’est un ami lyonnais qui m’a parlé de l’association Amitié Embrun Tiers-Monde, créée il y a 50 ans. AETM mène des actions à Bilbalogo, dans le sud du Burkina Faso, plus précisément dans huit villages de brousse qui disposent aujourd’hui d’écoles, de cantines et de forages à moins d’1 km des habitations, de centres de santé et de promotion sociale, d’une maternité, d’un collège, d’un lycée ou encore d’un barrage grâce à elle. Cela m’a donné envie et, de plus, je ne connaissais pas l’Afrique subsaharienne. J’ai accompagné AETM sur place pour la première fois en février 2022 en tant qu’observatrice. Les projets d’AETM ont pris une ampleur de dingue, du micro-crédit pour les femmes au planning familial.

Qu’est-ce qui vous a marquée ?

Je suis allée plus au sud, à Darougué, un autre village de brousse non loin de la frontière avec le Ghana. Et là, j’ai été stupéfaite. Il y avait un forage à plus de 10 km des habitations. Le chef du village, qui avait eu vent des réalisations d’AETM à Bilbalogo, a dit qu’il avait besoin d’eau. Darougué n’était pas dans la circonscription d’AETM, mais j’ai fait une promesse : je n’y reviendrai que si j’arrive à engager le Rotary dans le financement de forages. Je suis rentrée en France avec ça en tête. J’étais remplie d’émotions.

Comment avez-vous procédé ?

J’ai pris contact avec plusieurs clubs et districts, dont le Rotary de Ouagadougou [capitale du Burkina Faso, NDLR] en tant que club hôte, et j’ai fait une demande de fonds auprès de la fondation internationale. Grâce à la mobilisation des Rotariens de la Manche, de Normandie, des Pays-Bas ou encore du continent africain, nous avons pu récolter une somme que la fondation a abondée à hauteur de 80 % des dons des districts, soit 50 000 euros pour construire six forages dans le secteur de Darougué. Ça a été une extraordinaire chaîne humaine. C’est ça la solidarité.

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Entre 2022 et 2025, vous effectuez quatre séjours au Burkina Faso. Quand les forages ont-ils vu le jour ?

En 2023, nous avons cartographié la zone pour savoir qui habitait où et quels seraient les meilleurs emplacements pour les différents forages. En 2024, on a l’argent et, en mai, les six forages sont faits. Nous sommes allés les inaugurer officiellement en présence des autorités, notamment coutumières et traditionnelles, ce 1er février 2025. Grâce à la proximité de ces forages, les femmes ont pu se dégager du temps pour mener d’autres activités.

Vous avez également exercé vos talents de dentiste sur place auprès de la population.

Oui, j’avais collecté 46 kg de matériel de chirurgie dentaire inutilisé par les professionnels de la Manche, que j’ai laissé sur place à Bilbalogo. Lors de mes séjours en 2023 et 2024, j’ai fait beaucoup d’extractions de dents, mais dans des conditions qui n’étaient pas satisfaisantes. J’ai alors cherché un camion équipé en cabinet comme ceux de l’UFSBD. Par miracle, nous en avons trouvé un au Burkina Faso ! Il avait été acheté en 2017 par un stomatologue burkinabè à la retraite et il a accepté de me le louer une semaine… avec son fils ! Mohamed, 29 ans, a une formation d’infirmier. Il m’a beaucoup aidée et assistée. Des crieurs avaient fait passer le mot avant notre arrivée et environ 200 personnes de 5 à 100 ans sont venues nous voir. Cela faisait 30 à 38 personnes par jour, on n’a pas chômé mais je le referai, et plus longtemps. Il faut que je trouve de nouveaux fonds.

Un cabinet mobile loué par Sandrine pour soulager une partie de la population locale. ©Document transmis à La Presse de la Manche
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Le camion dentaire aux couleurs de l’Union française de la santé bucco-dentaire. ©Document transmis à La Presse de la Manche

De quoi souffrent les Burkinabè ?

Mis à part les extractions, de malnutrition. Les os sont donc de mauvaise qualité, il y a des parodonties, des déchaussements, des dents infectées, des abcès. C’est assez récurrent. Mohamed en profitait pour prendre leur tension et il a fait beaucoup de sensibilisation sur place.

Quel regard portez-vous sur l’action associative ?

Le milieu associatif permet de s’équilibrer. Pour moi, le soin ne devrait être que gratuit. J’engage chaque citoyen à s’engager dans le milieu associatif, c’est le pays le plus florissant. On peut se réaliser. Une action bénévole est par définition gratuite, ce n’est pas une monnaie d’échange. Elle sort du cœur et ne coûte rien. J’aime ma profession. J’ai du plaisir à aller au travail le matin, ici ou là-bas. Cela m’enrichit humainement.

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