Classique de golf Dominique Ducharme | Quinze ans plus tard, la filiale du Junior frappe encore

(Joliette) Ils avaient la mi-trentaine et apprenaient le métier d’entraîneur avec les moyens du bord. Ou, dans les mots de Joël Bouchard : « On était trois dans un bureau à Verdun, à manger du poulet et à rire. »


Les trois, c’était Pascal Vincent, entraîneur-chef et DG du défunt Junior de Montréal, et ses adjoints Dominique Ducharme et Joël Bouchard. Ils se partageaient le travail derrière le banc pendant la dernière aventure de la LHJMQ sur l’île de Montréal, de 2008 à 2011.

Quinze ans plus tard, les trois amigos roulent encore leur bosse. Vincent comme nouvel entraîneur-chef du Rocket de Laval. Bouchard derrière le banc du Crunch de Syracuse, club-école du Lightning de Tampa Bay. Et Ducharme comme entraîneur adjoint chez les Golden Knights de Vegas.

Les deux tiers du trio étaient réunis jeudi midi, à l’occasion de la Classique de golf Dominique Ducharme. Ne manquait que Vincent, qui était encore à Columbus mardi.

Même si l’évènement porte le nom de Ducharme, l’attention se portait un peu plus sur Vincent, officiellement embauché par Laval 48 heures plus tôt. Bouchard a replongé dans ses souvenirs, allant même jusqu’au début des années 1990, quand lui et Vincent ont brièvement été coéquipiers à Verdun.

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Pascal Vincent

« Il était défenseur et attaquant. Quand il était en défense, on était partenaires, il était droitier, moi gaucher, a raconté Bouchard, pendant une intime mêlée de presse, jeudi. Ensuite, j’ai joué pro et lui est devenu entraîneur, mais on est toujours restés en contact. »

Bouchard et Ducharme ont essentiellement appris leur métier grâce à Vincent, puisque ce dernier débarquait alors rue Wellington après neuf ans à coacher au Cap-Breton.

« Les trois ensemble, on n’a jamais eu une mauvaise journée au bureau, a lancé Bouchard. Je venais de prendre ma retraite, je travaillais comme analyste à RDS et je voulais apprendre les rouages du hockey junior. Pascal m’a aidé à comprendre les échanges. Il était très ouvert, il partageait tout. […] Quand on a déménagé à Boisbriand, j’ai hérité de tous les postes, parce que Pascal venait d’être embauché à Winnipeg. Mais il m’en avait déjà montré beaucoup. »

« Pascal m’a engagé, mais surtout, il m’a beaucoup fait confiance, a ajouté Ducharme. Il me donnait tranquillement plus de responsabilités, et le jour où je suis arrivé à Halifax, j’étais vraiment prêt à être entraîneur-chef dans la LHJMQ. »

Le long chemin du retour

Des trois, Ducharme et Vincent sont les deux qui ont atteint le plus haut niveau de leur profession, soit le poste d’entraîneur-chef dans la LNH.

Mais ils ont en commun d’avoir connu une première aventure incroyablement courte, les deux dans des circonstances rocambolesques.

Ducharme a succédé à Claude Julien en pleine pandémie, dans un contexte où les membres de l’équipe étaient isolés. C’était aussi, on l’apprendra plus tard, les derniers milles de Shea Weber et de Carey Price. Porté par les deux vétérans, le CH a atteint la finale de la Coupe Stanley, avant d’imploser l’automne suivant comme un zeppelin en 1937. Les 350 jours de Ducharme à la tête du CH ont alimenté les discussions dans les tribunes téléphoniques, sur les réseaux sociaux et même en librairie.

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L’entraîneur Dominique Ducharme en janvier 2022, durant la pandémie

Vincent, lui, a été nommé en catastrophe la semaine de l’ouverture du camp des Blue Jackets, en septembre dernier, après le spectaculaire congédiement de l’entraîneur-chef Mike Babcock. À la fin de la saison, un nouveau DG, Don Waddell, a été embauché, et celui-ci, après notamment avoir consulté ses joueurs, a démis Vincent de ses fonctions.

Ni Ducharme ni Vincent ne cachent leur désir de redevenir entraîneurs en chef dans la LNH.

« Il ne faut pas avoir peur de viser haut, a souligné Ducharme. C’est comme Bruce [Cassidy, entraîneur-chef à Vegas], qui a coaché jeune à Washington. Ça lui a pris du temps à redevenir entraîneur-chef, mais on voit où il est rendu. Mike Sullivan aussi. »

Ducharme cite deux bons exemples. L’expérience de Cassidy à Washington, de 2002 à 2003, n’a duré que 107 matchs, et ses méthodes ont vite été critiquées. C’est près de 14 ans plus tard, à l’hiver 2017, qu’il est redevenu entraîneur-chef, quand les Bruins l’ont promu en remplacement de Claude Julien. Sullivan, lui, a patienté 10 longues années entre son congédiement par les Bruins et son embauche par les Penguins.

Les deux hommes sont revenus en force et leurs noms sont gravés sur la Coupe Stanley.

« Je ne suis pas pressé, je n’ai pas d’échéance précise, mais en faisant les choses de la bonne façon, les bonnes choses arrivent », estime Ducharme.

L’anonymat de Vegas

Ducharme vient de compléter une première saison comme adjoint à Vegas. Comme ç’a été le cas avec le Canadien de l’automne 2021, il a pu mesurer les défis qui attendent une équipe ayant atteint la finale quelques mois plus tôt. Les Knights ont connu une saison correcte (98 points), mais leur aventure en séries n’a duré que six matchs.

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Dominique Ducharme

« Un athlète, peu importe le sport, quand tu le sors de son cycle, il a des défis. On a été éprouvés par les blessures. Et mentalement, tu repenses à où tu étais au dernier match que tu as joué, et là, tu recommences, tu dois en jouer 82. C’est un long marathon et il y a des hauts et des bas à gérer. »

Le Joliettain dit d’ailleurs « lever [son] chapeau » aux Panthers, qui viennent de soulever le gros trophée un an après avoir perdu en finale.

Notre homme a apprécié sa première saison au Nevada. « C’est un style de vie complètement différent, dans l’Ouest américain. L’équipe est très populaire, mais l’attention est vraiment différente qu’à Montréal. Après les matchs, je vois des joueurs se promener au casino et ils passent presque inaperçus !

« C’est une très belle organisation qui prend tous les moyens pour nous aider à aller jusqu’au bout. C’est une nouvelle aventure et ça m’aide à progresser. »

Ducharme circule peut-être incognito à Vegas, mais pas dans la communauté de Joliette. Il a passé sa matinée à serrer des mains et à saluer les invités. Tous les piliers locaux y étaient, notamment un certain M. Harnois, de la fameuse chaîne de stations-service qui quadrillent Lanaudière et au-delà. Sans oublier Chez Henri, la célèbre pataterie locale, qui avait son kiosque de poutine au trou no 2. « Ils font ça juste pour nous, en plus. Il n’y a pas d’autres tournois où ils servent la meilleure poutine au Québec ! »


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