Clotilde Brossollet | RDC, un conflit oublié, mais pas ses minerais

En effet, dimanche dernier à la sortie de la messe, une paroissienne m’attendait. Charlotte voulait me parler de son pays qui vit une guerre qui ne fait quasiment jamais parler d’elle. Cette guerre n’est pas sur le sol européen, elle se déroule à des milliers de kilomètres, pourtant elle a déjà fait au moins 6 millions de morts en 30 ans. Charlotte regrettait que les ravages de la guerre dans son pays, la RDC, ne fassent pas la une des journaux. Ce conflit, sur fond de guerre ethnique s’est pourtant rappelé à nos bons souvenirs ces dernières semaines, lors de la chute de la capitale provinciale, Goma, prise par les rebelles du M23. Chute qui a provoqué la mort de plus de 700 personnes. C’est un conflit d’une particulière brutalité avec l’enrôlement d’enfants-soldats dans les différentes milices, et l’usage de la violence sexuelle comme arme de guerre à l’encontre des femmes. 

Un conflit qui semble sans issue 

Ces rivalités ethniques ont été attisées par la proximité de cette région avec le conflit rwandais puisque le Kivu a été un lieu pour les réfugiés d’abord tutsis puis hutus, qui ont été jusqu’à 6 millions. Aujourd’hui, le Rwanda soutient les mouvements rebelles congolais, non seulement pour décimer les Hutus encore présents dans la région, mais aussi pour s’emparer des sites miniers. Un groupe d’experts de l’ONU soutient que l’armée de Kigali contrôle de facto les opérations des rebelles M23. 

De plus, le projet routier qui relierait Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, à l’Ouganda qui soutient le président congolais actuel, Félix Tshisekedi, n’est pas pour apaiser la situation car sa réalisation empêcherait les ressources du Kivu de passer par le Rwanda. Et c’est sans compter aussi sur les groupes islamistes ougandais dont les exactions sont ouvertement dirigées contre les chrétiens congolais. Le 15 février, 70 corps ont été retrouvés dans une église protestante, du Nord-Kivu. Des femmes, des enfants, des personnes âgées massacrés car ne pouvant supporter la marche forcée imposée aux otages de ces groupes islamistes. 

 

Ce conflit a bien pour arrière-plan la richesse du sous-sol de cette région

Cette région de la RDC est d’une richesse extraordinaire, principalement en coltan, diamant, cuivre, cobalt et or. Des ressources minérales stratégiques pour le développement des technologies. Cela pourrait mobiliser les puissances occidentales mais toute tentative à l’Onu est immédiatement bloquée par la Russie en réaction aux sanctions dont elle fait l’objet. La France reste bien discrète. Encore empêtrée dans sa culpabilité pour son rôle dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, elle condamne l’implication de ce dernier mais ne va pas jusqu’à exiger son retrait et le menacer de sanctions. Lors de la première prise de Goma par le M23, en 2012, il avait fallu tout le poids des Américains pour que les rebelles se replient. 

Devant une situation qui semble sans issue, le gouvernement congolais s’est inspiré de la situation de l’Ukraine et a compris que seuls les États-Unis étaient en capacité de l’aider et que leur soutien se négociait avec des minerais rares. Si l’objectif de plusieurs initiatives est bien de faire investir les Américains, le département d’État s’est déclaré ouvert à un partenariat. La prédation intensifiée par Donald Trump sur les ressources naturelles pourrait peut-être être un facteur de paix. Mais une paix sans dividende pour le peuple congolais. 

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