Combats violents, famine, crimes de guerre : le Soudan toujours plus en crise

Les journaux du monde entier reviennent en détail sur le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch au sujet des violences sexuelles généralisées, utilisées comme armes de guerre, par les deux camps qui s’affrontent depuis plus de 15 moins maintenant, l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR, les Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo. Et ce qui frappe d’abord et glace le sang il faut l’avouer, c’est de voir que les détails dévoilés par Human Rights Watch sont si nombreux que chaque article relatant les horreurs commises peut avoir un titre différent d’un journal à l’autre. Celui du  Guardian : « Des petites filles de 9 ans victimes de viols collectifs par les paramilitaires au Soudan ». Celui de  Middle East Eye : « Soudan : Des combattants des RSF ont violé des mères devant leurs filles ».

L’ONG a recueilli les témoignages d’une quarantaine de personnels médicaux, d’humanitaires, qui rapportent plus de 260 cas de violences sexuelles dans la capitale, Khartoum, et sa grande banlieue, entre avril 2023 et février 2024. Les victimes sont des femmes. La plus jeune à 9 ans, la plus vieille 60 ans. Certaines ont vécu ce qui pourrait s’apparenter à de l’esclavage sexuel, avec des exactions tellement violentes, note Al Jazeera, qu’au moins quatre d’entre elles sont mortes des suites de leurs blessures.

Ces situations, hélas, ne sont pas nouvelles. Ce n’est pas la première fois que ces violences sont constatées dans ce conflit au Soudan. Les FSR sont depuis le début accusés d’utiliser le viol comme arme de guerre. D’après le rapport de Human Rights Watch, la majorité des faits sont imputés aux paramilitaires. De nombreux témoignages recueillis par ailleurs par le  Washington Post vont dans ce sens, plusieurs femmes racontent notamment avoir été violées car soupçonnées d’être des espionnes. Mais depuis le début de l’année, de plus en plus de cas rapportés de violences sexuelles concernent l’armée régulière, avec la prise de contrôle d’Omdourman, dans la banlieue nord-est de Khartoum.

Tout cela s’ajoute au risque de famine, là aussi utilisé comme arme de guerre. C’est à lire dans un long format avec de magnifiques photos sur le site du  New York Times. Au nord d’Omdourman, dans les zones qu’elle ne contrôle pas, ou encore à la frontière avec le Darfour, l’armée soudanais empêche les approvisionnements en denrées alimentaires. Par manque de financements, rapporte également le  Sudan Tribune, 45 cuisines communautaires, qui distribuent gratuitement des repas ont été contraintes de fermer à l’ouest d’Omdourman. C’est dans ce même  Sudan Tribune qu’on pouvait lire il y a quelques jours, avec un certain soulagement perceptible chez l’auteur, un petit texte qui rapportait les performances fantastiques de l’équipe de basket du Soudan du Sud lors des matchs préparatoires pour les Jeux olympiques -et dont toute la presse mondiale s’était fait l’écho. Ce texte était alors titré : « Le Sud-Soudan ne fait pas toujours la une des journaux pour les guerres ».

Au Mexique, l’arrestation d’El Mayo montre l’impuissance du gouvernement

Impuissance face aux Etats-Unis et face aux cartels de la drogue. Tout cela à cause de l’affaire qui a ébranlé le Mexique la semaine dernière : l’arrestation historique et au fort potentiel cinématographique du cofondateur du cartel de Sinaloa, Ismael Zambada Garcia, alias « El Mayo ». Cela fait plusieurs jours que les médias mexicains et américains racontent en détail son interpellation jeudi dernier. C’est à lire notamment dans le New York Times, le LA Times,  El Pais América et Vanguardia. Et aujourd’hui encore, on n’a pas le fin mot de l’histoire.

Jeudi donc, un petit avion a atterri au Texas avec à son bord El Mayo, 76 ans, baron de la drogue, recherché par les autorités américaines depuis plus de 40 ans, chef du cartel de Sinaloa depuis l’arrestation de son prédécesseur en 2016, Joaquín Guzmán dit « El Chapo ». Et avec « El Mayo » dans l’avion, un autre homme Joaquín Guzmán López, l’un des fils d' »El Chapo ».

Comment et pourquoi sont-ils allés se jeter dans la gueule du loup ? On apprend depuis qu' »El Mayo » aurait été trahi par le fils d' »El Chapo », qu' »El Mayo » a quitté sa planque à Sinaloa pour voir Guzmán et que ce dernier l’aurait ligoté et fait monter dans un avion. Mais on imagine mal le fils d’El Chapo faire ça tout seul. Autrement dit, y-a-t-il eu intervention, sur le territoire mexicain, de forces américaines pour organiser sa capture ?

La question a été posée hier en conférence de presse à Andrés Manuel López Obrador. « Il n’y en a aucune preuve à cette heure, mais l’hypothèse n’est pas exclue » a-t-il répondu. Les autorités mexicaines en tout cas n’y sont pour rien. Et pour l’instant, les échanges avec les autorités américaines sur le sujet sont loin de clarifier les choses. Une impuissance « humiliante » peut-on lire sur  El Financiero.

Impuissance renouvelée également face au cartel qui certes, perd une nouvelle fois sa tête mais en a déjà plusieurs qui repoussent, notamment l’un des fils d' »El Chapo », Iván Archivaldo Guzmán Salazar, alias “El Chapito”. Il faut toutefois craindre, nous dit  El Economista, une fragmentation du cartel. Une guerre pour la conquête du pouvoir. Et tout cela sans que le gouvernement ne parvienne à l’empêcher.

Impuissance face à l’arrivée de la drogue par le port d’Oslo en Norvège

Le port d’Oslo, qui pourrait très vite devenir LA nouvelle plaque tournante du trafic de drogue en Europe. Un aveu formulé par la maire de la capitale norvégienne, Anne Lindboe, à lire sur le site de la radio/tv publique, la  Norsk rikskringkasting. Parce que les trafiquants font face à une trop grande répression dans le port d’Anvers, actuelle capitale européenne du trafic avec d’importantes saisies, le port Oslo devient leur nouvelle destination phare.

Il y a donc des saisies de drogues, plus de 1800 l’année dernière. C’est plus que sur les 10 dernières années cumulées. Mais le premier port de Norvège voit passer 243 000 containers par semaine, qui ne peuvent pas être contrôlés comme ils le devraient, par manque de douaniers. Le port n’est même pas équipé d’un scanner à temps complet. Il est partagé avec d’autres ports du pays. En réponse, le gouvernement promet une hausse du budget dédié aux douanes pour recruter et acheter plus d’équipements. Mais le trafic est déjà bien implanté avec des conséquences sur la Norvège, désormais le 3e pays d’Europe en matière de consommation de cocaïne.

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