Comment copier la technologie extraterrestre

L’armée américaine disposerait-elle d’artefacts d’origine extraterrestre ? Lors d’une audition au Congrès en 2023, David Grusch, ancien membre du groupe de travail du Pentagone sur les phénomènes anormaux non identifiés (PAN), a affirmé que les États-Unis possédaient un programme secret de récupération et de rétro-ingénierie de vaisseaux extraterrestres écrasés. Ces allégations ont relancé le débat sur la possibilité d’analyser et de reproduire une technologie conçue par une intelligence inconnue. Quels défis rencontrerions-nous ? Pour le savoir, Popular Mechanics a interrogé plusieurs experts.

La rétro-ingénierie : une pratique répandue, mais difficile

La rétro-ingénierie est l’art de démonter une technologie pour comprendre son fonctionnement, dans le but de la reproduire ou de l’améliorer. Dans le secteur militaire, elle permet d’analyser des avions furtifs, des missiles ou des équipements électroniques capturés afin d’en tirer des innovations stratégiques. Dans l’industrie, elle est employée pour décrypter des logiciels, des circuits imprimés ou des médicaments.

Selon Philip Voglewede, professeur de génie mécanique à l’université Marquette, un projet de rétro-ingénierie réunit plusieurs experts :

  • Un ingénieur en fabrication qui étudie comment l’objet a été produit ;
  • Un ingénieur électricien qui analyse les circuits et l’alimentation énergétique ;
  • Un ingénieur mécanicien qui examine les composants structurels et les matériaux.

Toutefois, la tâche devient bien plus ardue lorsqu’on fait face à une technologie qui dépasse nos connaissances actuelles.

Les défis de la rétro-ingénierie d’une technologie inconnue

Le premier obstacle est de déterminer son objectif. Jasen Sappenfield, ingénieur et cofondateur de Finite Engineering, souligne que toute analyse commence par une question essentielle : « À quoi est censé servir cet objet ? ». Dans le cas d’un artefact extraterrestre, il n’y aurait ni manuel d’utilisation, ni référence culturelle, ni point de comparaison avec nos propres technologies. L’objet pourrait remplir une fonction totalement étrangère à notre compréhension.

Un autre défi majeur réside dans les matériaux utilisés. Robert J. Stango, ingénieur et chercheur, explique que la première étape d’une rétro-ingénierie consiste à analyser la composition de l’objet, parfois jusqu’à l’échelle atomique. « On démonte l’objet pièce par pièce pour comprendre sa structure ». Toutefois, que faire si ces matériaux sont inconnus sur Terre ? Si l’on découvre des alliages ou des structures nanotechnologiques inédites, notre incapacité à les reproduire limiterait drastiquement notre capacité à copier la technologie.

Enfin, il y a l’obstacle fondamental des lois physiques. Philip Voglewede, professeur de génie mécanique, rappelle que « la physique régit tout » et que sans compréhension des principes sous-jacents, toute tentative de reproduction est vouée à l’échec. Si une technologie repose sur des phénomènes que nous ne maîtrisons pas, comme la propulsion antigravitationnelle, nous ne pourrions qu’observer sans réellement exploiter son potentiel.

De plus, l’état de l’artefact peut compliquer encore davantage la tâche. Sappenfield mentionne que si les composants sont endommagés ou fragmentaires, « il faut deviner leur forme et leur fonction d’origine ». Cela reviendrait à tenter de reconstruire une voiture moderne avec seulement quelques boulons et un morceau de pare-brise. Dans un tel scénario, même une technologie révolutionnaire pourrait rester un mystère pour nous.

Crédits : Paul Campbell/iStock

Les étapes appliquées aux technologies extraterrestres

Si un jour nous avions accès à une machine extraterrestre, les ingénieurs suivraient un protocole méthodique pour tenter d’en percer les secrets. Ce processus, bien que standard dans l’industrie, se heurterait à des défis inédits face à une technologie d’origine inconnue.

La première étape serait l’analyse des matériaux. Les scientifiques étudieraient la composition chimique et la structure de l’objet pour déterminer s’il repose sur des éléments connus sur Terre ou sur des alliages encore inexistants dans notre industrie. La découverte de matériaux exotiques poserait un premier obstacle : sans moyen de les reproduire, toute tentative d’ingénierie inverse serait compromise.

Ensuite, il faudrait examiner les systèmes énergétiques. Comment l’objet est-il alimenté ? Dispose-t-il d’une source d’énergie intégrée ou capte-t-il de l’énergie ambiante ? Si l’engin exploite une technologie avancée comme la fusion propre ou un mécanisme inconnu de conversion d’énergie, les ingénieurs devraient tester différentes hypothèses pour identifier son mode de fonctionnement.

Une fois ces éléments étudiés, la modélisation et la simulation entreraient en jeu. En construisant un modèle numérique détaillé de l’objet, les chercheurs pourraient tester diverses configurations et analyser la manière dont les différentes pièces interagissent. Cette phase permettrait de valider certaines hypothèses et d’explorer les lois physiques qui régissent son fonctionnement.

Enfin viendrait la tentative de reproduction. Avec les connaissances acquises, les ingénieurs tenteraient de fabriquer une version fonctionnelle en utilisant les ressources disponibles sur Terre. Cependant, comme le souligne Robert J. Stango, sans une compréhension claire de la physique sous-jacente, il est probable que ces efforts restent infructueux. Si l’objet repose sur des principes encore inconnus de la science humaine, il pourrait simplement demeurer une énigme impossible à reproduire.

Pourquoi ce type de recherche est-il si secret ?

Si un programme de rétro-ingénierie extraterrestre existait, pourquoi les gouvernements choisiraient-ils de le garder secret ? Plusieurs raisons pourraient justifier une telle dissimulation. D’abord, il y a une protection stratégique. Une technologie extraterrestre offrirait un avantage décisif dans la course à l’innovation militaire et scientifique. Celui qui maîtriserait ces découvertes pourrait révolutionner des domaines comme l’aérospatiale, l’énergie ou les communications, redéfinissant ainsi l’équilibre des puissances mondiales.

Ensuite, la sécurité nationale entre en jeu. Si cette technologie repose sur des principes inconnus ou potentiellement dangereux, son accès doit être strictement contrôlé. Un système de propulsion avancé, une source d’énergie inédite ou une arme d’une puissance inégalée pourraient poser des risques considérables s’ils tombaient entre de mauvaises mains.

Enfin, il y a l’impact sociétal. La révélation de preuves tangibles d’une technologie extraterrestre bouleverserait nos certitudes scientifiques et philosophiques. Comment réagiraient les populations face à l’idée que nous ne sommes pas seuls et que d’autres civilisations disposent d’une technologie bien supérieure à la nôtre ? Un choc culturel et une remise en question des fondements de nos sociétés pourraient s’ensuivre.

Ces raisons expliqueraient pourquoi les informations sur ces programmes restent floues et controversées. Si de telles recherches existent, elles sont probablement confinées aux plus hauts niveaux du secret d’État, bien loin du regard du grand public.

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