Elément crucial de la stratégie bas carbone de la France , la contribution de la forêt à la réduction des émissions de gaz à effet de serre risque de se réduire dans les prochaines décennies.
L’étude très attendue que viennent de publier l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et l’institut technologique FCBA, avec le soutien des ministères de la Transition écologique, de l’Agriculture, et de l’Ademe, démontre que les tendances récentes sont malheureusement appelées à se prolonger.
Baisse du puits de carbone
Destinées à éclairer les politiques publiques sur la forêt et la structuration de la filière bois, ces projections analysent l’impact de nombreux scénarios (36 au total) en fonction des effets du réchauffement climatique, de la mise en oeuvre des plans de renouvellement forestier et de la gestion de la forêt (prélèvements et usages du bois).
Toutes débouchent sur un constat commun : la baisse du puits de carbone forestier va se poursuivre dans les prochaines décennies. La séquestration du carbone dans les forêts a déjà été divisée par deux ces dernières années : de plus de 60 millions de tonnes de CO2 par an (mtCO2/an) en moyenne entre 2010 et 2015, elle est tombée à 30 mtCO2/an entre 2015 et 2019, sous l’effet notamment du réchauffement climatique, des scolytes , mais aussi au vieillissement des arbres, rappelle l’étude.
Quelles que soient les hypothèses, les auteurs n’anticipent guère d’amélioration à moyen terme. L’impact du climat sera majeur. Entre les scénarios le plus optimiste et le plus pessimiste, le puits de carbone pourra être de 40 mtCO2/an ou de 3mtCO2/an. Avec un rôle particulier pour les feuillus, qui contribuent le plus à la séquestration dans les arbres vivants, pointe l’étude.
L’impact des prélèvements, en fonction de l’usage du bois, sera également crucial. Le bois destiné au chauffage peut contribuer à la baisse des émissions de CO2, s’il se substitue à des énergies fossiles par exemple. Mais moins que le bois destiné à la fabrication de produits, de construction notamment, qui contribue au stockage de carbone (évitant les émissions liées à la mort de l’arbre).
Arbres morts
Il faudra donc trouver un juste équilibre entre l’amont et l’aval de la filière, ce qui « nécessite d’adopter une vision intégrée du secteur forêt bois dans sa contribution à l’atténuation du changement climatique », insiste l’étude.
Il s’agit non seulement de valoriser au mieux la récolte de bois qui provient des arbres morts ou dépérissants (environ 10 % du total, selon l’étude), mais aussi d’arbitrer avant de récolter les arbres. « Dans la plupart des scénarios étudiés, la hausse des prélèvements n’est que partiellement compensée, d’un point de vue strictement carbone, par le stockage dans les produits bois et les émissions évitées par l’usage de produits bois », indique l’étude.
Autre donnée à prendre en compte : l’effet du plan de reboisement envisagé par le gouvernement, qui prévoit de planter 1 milliard d’arbres en dix ans , ne sera guère visible à horizon 2050. Mais il sera positif à plus long terme. De quoi alimenter les réflexions préalables aux arbitrages politiques nécessaires.
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