Dans leurs précédents rapports semestriels, le groupe d’experts des Nations unies (ONU) pour la République démocratique du Congo (RDC) avait déjà mis au jour l’implication d’éléments des forces de défense du Rwanda (FDR) aux côtés du mouvement rebelle du Mouvement du 23 mars (M23) dans la province du Nord-Kivu, dans l’extrême est de la RDC. Présence niée jusqu’alors par Kigali.
La dernière livraison du groupe d’experts, publiée lundi 8 juillet, franchit une nouvelle étape. Elle ne dénonce plus seulement les violations de la souveraineté congolaise par le Rwanda liées à son soutien direct à ce groupe armé composé essentiellement de Tutsi congolais depuis la résurgence de celui-ci en novembre 2021 ; elle établit que « les FDR contrôlent et dirigent de facto les opérations du M23 [ce qui] rend le Rwanda responsable des actions du M23 ». Actions qui, dans certains cas, « peuvent constituer des crimes de guerre », avertissent ces experts de l’ONU dans ce rapport de 300 pages aux nombreuses annexes.
Sur la base de photographies authentifiées, d’images de drones, d’enregistrements vidéo, de témoignages et de renseignements confidentiels, le document décrit ainsi « les incursions frontalières systématiques des FDR et le renforcement de leur présence dans le “Petit Nord” », zone du Nord-Kivu autour de la capitale provinciale, Goma.
Chaîne de commandement
Selon une estimation qualifiée de « prudente », les soldats rwandais présents en RDC – entre 3 000 et 4 000 déployés fin mars dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi – seraient plus nombreux que les miliciens du M23. Avec force détails et précisions, les enquêteurs de l’ONU ont reconstitué la chaîne de commandement des officiers rwandais impliqués dans cette intervention étrangère ainsi que les divisions, brigades et bataillons engagés sur le terrain.
La participation rwandaise constitue un avantage stratégique déterminant face à l’armée congolaise et ses milices alliées, regroupées sous la bannière des wazalendo (« patriotes », en kiswahili). « La capacité du M23 à opérer simultanément sur plusieurs axes et champs de bataille dépendait du soutien militaire et stratégique des FDR », notent ainsi les experts.
Comparativement à ce que relevait leur dernier rapport, daté de décembre 2023, le M23 et les FDR ont ainsi augmenté de 70 % la superficie de la zone qu’ils contrôlent, sur laquelle ils ont installé une administration parallèle qui lève des taxes illégales.
Les observations du dernier rapport se sont arrêtées à la fin du mois de mars. Depuis, le mouvement armé a continué sa progression vers la zone dite du « Grand Nord », autour de la ville de Butembo, distante de quelque 300 km de Goma.
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