Visa expiré, François Compaoré a jeté l’éponge dans sa bataille juridique pour rester sur le sol français.
En effet, le frère cadet de l’ancien président burkinabè, bloqué en Côte d’Ivoire depuis que son visa français a expiré, vient d’abandonner son recours devant le Conseil d’État contre le refus de renouvellement opposé par les autorités hexagonales.
C’est un désistement révélateur d’un changement de stratégie pour l’homme qui fut pendant huit ans résident en France.
Cette décision, confirmée par son avocat Me François-Henri Briard le 24 mars 2025, marque un virage dans le long bras de fer judiciaire qui oppose Compaoré aux autorités françaises depuis 2017, année de son interpellation à l’aéroport de Roissy sur la base d’un mandat d’arrêt international.
L’audience prévue le 3 avril 2025 a été « rayée du rôle« de la plus haute juridiction administrative française.
Derrière le visa expiré, les tribulations de Compaoré sur le sol français
L’histoire de François Compaoré sur le sol français s’apparente à un feuilleton judiciaire aux multiples rebondissements.
Après avoir été arrêté en octobre 2017, il avait vu son extradition vers le Burkina Faso autorisée par la justice française, avant d’obtenir gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’homme en août 2021.
La France avait finalement annulé le décret ministériel autorisant son extradition en décembre 2023.
La tranquillité retrouvée aura été de courte durée. Un voyage au chevet de son frère Blaise en Côte d’Ivoire s’est transformé en piège : son visa a expiré pendant son séjour et les autorités consulaires françaises ont refusé de le renouveler le 9 décembre 2024.
Ni la santé chancelante de son fils Maël, ni son propre état de santé, ni les risques allégués pour sa sécurité n’ont convaincu le juge des référés du tribunal administratif de Nantes, qui l’a débouté à deux reprises.
En parallèle de ce renoncement à son combat pour revenir en France, Compaoré déploie une nouvelle stratégie pour éviter toute extradition vers le Burkina Faso, où il est poursuivi pour « incitation à assassinat » dans l’affaire du journaliste Norbert Zongo, tué en 1998.
Ses avocats, Maîtres Pierre-Olivier Sur et Clara Gérard-Rodriguez, ont saisi Interpol le 3 mars 2025 pour demander l’effacement de la notice rouge émise contre leur client en août 2017.
Cette notice, sollicitée par le gouvernement de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, serait à l’origine du signalement aux fins de non-admission dans l’espace Schengen mentionné par les autorités françaises pour justifier leur refus de visa.
« Son maintien, s’il était avéré, ferait courir un risque grave et imminent sur la sécurité et l’intégrité de notre client », argumentent ses défenseurs.
La France, qui avait envisagé un temps d’extrader Compaoré avant d’y renoncer, semble désormais décidée à ne plus l’accueillir sur son territoire.
Reste à savoir si la Côte d’Ivoire, dont il possède également la nationalité, acceptera de le maintenir durablement sur son sol sans l’exposer à une extradition vers Ouagadougou, où les nouvelles autorités issues de coups d’État successifs pourraient réactiver les poursuites contre lui.
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