« Contrairement à la France, il y a beaucoup moins de bachotage » : ces futurs bacheliers préfèrent l’étranger

Il y a quelques mois, en plein été, Clément a le déclic : après le lycée, il s’orientera vers des études de dentaire… mais certainement pas en France. « Quand j’en ai parlé à mes parents, au début, ils ne voulaient pas, raconte le lycéen breton de 17 ans, installé à Toulouse. Et puis quand ils ont vu qu’il n’y avait que très peu de places en dentaire à l’université de Toulouse, ils étaient davantage favorables à me voir partir à l’étranger. »

Rien que cette année, seules 89 places étaient accessibles aux étudiants en première année d’études de santé, PASS et LAS, contre 379 en médecine et 120 en pharmacie. « J’aurais probablement été pris en médecine après un PASS ou une L.AS mais j’ai justement fait des stages dès la seconde dans le milieu médical pour m’aider à me décider. Je me suis rendu compte que c’est l’aspect technique et manuel du dentiste qui me plaisait le plus. C’est vraiment ce que je veux faire. »

Que ce soit pour contourner Parcoursup ou l’enseignement supérieur français, certains lycéens comme Clément privilégient un départ à l’étranger, non pas pour une année de césure après le bac mais bel et bien pour poursuivre leurs études jusqu’à obtenir leur diplôme. Une décision catégorique mais bien plus réfléchie qu’elle n’y paraît.

Partir pour élargir les opportunités

Toujours à Toulouse mais dans un autre lycée, c’est un deuxième Clément qui nous parle de son envie d’ailleurs. Attiré par l’économie, le lycéen de 18 ans a plusieurs formations post-bac en tête : des prépas, des écoles de commerce, notamment Toulouse Business School, et Toulouse School of Economics, voire quelques choix à l’université, comme une licence de droit ou AES (administration économique et sociale). « En première, le lycée a organisé une semaine internationale où on nous a parlé des études au Canada, se rappelle-t-il. La vie sur le campus, à l’américaine, beaucoup de sports et d’activités proposés… ça m’a plu. »

Sa décision est prise, il tente trois écoles au Québec, dont HEC Montréal. « C’est un établissement tourné vers l’international, je vais pouvoir travailler mon anglais et cela va m’apporter une ouverture d’esprit. Et d’un point de vue professionnel, l’école est tournée vers les entreprises, c’est une porte d’entrée plus facile vers les États-Unis… or, mon objectif est d’y travailler un jour. »

Son camarade de classe, Denis, anticipe lui aussi son projet professionnel à l’étranger. Plutôt intéressé par l’ingénierie, le lycéen a sélectionné des écoles britanniques et australiennes. « J’ai épluché tous les classements pour connaître les pays qui ressortaient le plus et ce sont surtout les pays anglo-saxons qui performent », explique-t-il. Ce qui lui plaît également, c’est la pédagogie : « Contrairement à la France, il y a beaucoup moins de bachotage, leur façon d’étudier est complètement différente. » À terme, son expérience internationale pourrait lui offrir plus d’opportunités professionnelles. « Mais c’est vrai que l’Australie me fait aussi rêver, bien au-delà des études ! »

Parcoursup, juste « au cas où »

Les trois élèves de terminale se sont tout de même inscrits sur Parcoursup. « C’est le lycée qui nous a obligés, insiste Denis. J’ai donc mis quelques vœux mais je ne pense pas vraiment regarder les résultats d’admission. » Le lycéen sait qu’il est déjà admis dans cinq écoles sur les huit auxquelles il a postulé, en Irlande, en Angleterre et en Australie. Pour Clément, tout a été encore plus rapide : sa réponse pour intégrer l’université CEU San Pablo à Madrid en Espagne est arrivée mi-décembre, avant même que la plateforme Parcoursup n’ouvre. « J’ai envoyé mon dossier avec une lettre de motivation et mes bulletins scolaires. J’ai eu une visio avec le responsable de la filière dentaire et j’ai eu un retour positif deux jours après. »

Si les critères d’admission varient selon les établissements et les pays, tous les candidats reçoivent leur réponse avant le mois le mai. Alors qu’en France, les propositions d’admission n’arriveront que début juin. « C’est très rapide, assure Clément, qui a été admis à HEC Montréal. Mais c’est aussi parce qu’il y a beaucoup de démarches administratives. » Entre les bulletins scolaires à faire traduire, le visa à demander, les allers-retours à l’ambassade… La procédure est plus longue et plus éprouvante que Parcoursup.

Pour candidater en Espagne et en Australie, Clément et Denis ont préféré se faire accompagner par des organismes privés. « On est vite perdu sur les documents à transmettre et les agences nous aident aussi à orienter nos choix d’établissement en fonction de notre niveau », complète Denis. Car même si les lycéens savent déjà qu’ils pourront faire leur rentrée à l’étranger en septembre prochain, tout dépend de leurs résultats au bac. Contrairement au système français, il ne suffit pas d’obtenir la moyenne, les établissements étrangers peuvent demander un niveau minimum, de 12, 13 ou 14 de moyenne au bac. D’où l’importance d’avoir plusieurs possibilités à l’étranger mais aussi en France.

Un choix qui a un coût

Reste le coût financier de ces études à l’étranger. Pour faire leur choix, tous ont dû éliminer certains pays, notamment les États-Unis, pour cette raison. Au Canada francophone, les accords bilatéraux permettent aux étudiants français de bénéficier de frais de scolarité plus avantageux que pour les autres étudiants internationaux. Clément engagera donc environ 15 000 euros par an, bourses comprises. Ce sera légèrement plus pour Denis, en Australie : en moyenne, 18 000 euros l’année pour un cursus ingénieur.

En Espagne, Clément devra dépenser 25 000 euros par an. « J’ai fait beaucoup de recherches pour m’assurer de la reconnaissance du diplôme et de mon employabilité une fois diplômé. J’ai remarqué que l’Espagne était particulièrement reconnue pour les études de dentaire », souligne-t-il. Le lycéen a donc lui-même contracté un prêt étudiant à hauteur de 50 000 euros.

« J’en ai discuté avec plusieurs dentistes, ils m’ont rassuré en me disant que mon prêt pourrait rapidement être remboursé une fois que je commencerai mon activité. » Pour autant, la pression est grande. « Je ressentais le besoin de partir, de voir autre chose et ce prêt, c’est aussi ma décision. En revanche, je vais tout donner la première année. Et si je n’ai pas le niveau ou la motivation pour continuer, j’arrête tout pour ne pas engager d’autres frais. »

Malgré cela, à quelques mois de leur départ, tous n’ont qu’une hâte, terminer le lycée pour commencer leur nouvelle vie aux quatre coins du monde. « On en parle de plus en plus avec mes parents et on commence à recevoir le programme de la rentrée avec l’intégration, les activités sur le campus… Tout devient concret », affirme Clément, futur étudiant montréalais. Même ressenti pour Denis qui se dit « impatient de découvrir ce qui [l]’attend ». Quant à Clément, le futur dentiste commence à prendre conscience de ses responsabilités à venir. « On va quitter le lycée, on s’interroge sur notre orientation, si on a pris la bonne décision… C’est plus ça qui m’inquiète que de me retrouver loin de mes parents. » Peut-être comme tous les futurs étudiants finalement.

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