Le témoignage de Dominique Laroche s’est conclu avec un contre-interrogatoire serré où le poursuivant s’est affairé à soulever le caractère immoral de la relation entre l’ex-skieur et la plaignante, tentant de faire reconnaître à celui qui signait ses courriels avec l’alias «The fuck machine» certaines erreurs dans son récit.
Après avoir insisté en interrogatoire en chef sur le fait que c’est la plaignante elle-même qui s’était ouverte sur ses préférences sexuelles, une fois adulte, notamment en lui parlant d’une plateforme en ligne, Dominique Laroche a été contredit par des courriels mardi.
L’accusé de 64 ans avait expliqué initialement que c’est la jeune femme qui l’avait incité à découvrir le site web FetLife, sorte de réseau social dédié notamment au sadomasochisme. Il a décrit ce moment comme le signal où lui aussi avait pu s’ouvrir sur ses préférences, où il y avait eu «une suite d’élaborée au niveau des jouets sexuels».
Dominique Laroche au palais de justice de Québec, le 4 mars 2025, lors de son procès pour agression sexuelle.
Crédit photo: Pierre-Paul Biron – Journal de Québec
Pierre-Paul Biron – Journal de Québec
Or, dans un échange courriel daté de mai 2016 où il est visiblement question d’un jouet sexuel, Laroche propose divers scénarios à la présumée victime pour le paiement de l’appareil en question.
«Je l’achète, on le met chez toi et on split [l’argent] à en faire des essais par des femmes qui désirent l’essayer. Va voir Fetlife.com», écrit l’accusé dans son message.
Pressé de questions, il a ainsi admis que c’est lui qui avait suggéré à la jeune femme d’aller découvrir le site, plutôt que l’inverse.
«Tempête de sexe»
D’autres contradictions, notamment au niveau de l’organisation de la maison, ont également été soulevées par le poursuivant.
Dominique Laroche avait évoqué l’absence de porte dans un boudoir ou dans son bureau pour expliquer qu’il lui aurait ainsi été impossible d’y agresser sexuellement la plaignante, alors qu’elle était adolescente. Des photos mises en preuve par Me Michel Bérubé montrent toutefois que les portes étaient installées avant les dates identifiées par Laroche lundi.
Michel Bérubé, procureur de la Couronne au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à Québec
Crédit photo: Pierre-Paul Biron – Journal de Québec
Le ministère public a ensuite questionné l’accusé à plusieurs reprises sur la relation de confiance qui régnait entre la plaignante et lui. Me Bérubé a rappelé que Laroche la contactait avec son courriel secret «xtremesex», utilisé pour ses maîtresses, qu’il signait ses courriels avec le nom «The fuck machine», parlant même de lui comme de «Papa crapaud qui vient faire son tour pour une mégatempête de sexe».
Une relation qui n’a pu se bâtir que sur le très long terme et dans un contexte de «dominant-dominé», sous-entend la poursuite, qui allègue que les actes sexuels se sont étirés entre le 13e et le 25e anniversaire de la jeune femme.
Acceptable pour lui
À plusieurs reprises, Dominique Laroche a insisté sur le fait que pour lui, la relation qu’il entretenait avec la jeune femme, d’environ 35 ans sa cadette, était acceptable.
Une jeune femme qui était «un membre de son entourage», a martelé à plusieurs reprises Me Bérubé. «Elle a été gardée par votre conjointe quand elle était enfant. Elle a gardé vos propres enfants. Elle a intégré votre famille à plusieurs occasions au fil des ans, et ce que vous dites aujourd’hui, c’est que c’est acceptable?»
«Oui», a tout simplement laissé tomber Dominique Laroche, d’un air détaché, banalisant même le premier contact sexuel où la présumée victime l’aurait rejoint dans son lit quand elle avait environ 20 ans pour lui faire une fellation sans qu’aucune parole ou presque ne soit échangée.
«On a échangé après pour se dire bonjour et bonne journée, quelque chose comme ça, j’ai essayé d’être poli», a évoqué l’accusé.
La preuve en défense de Me Charles Levasseur se terminera mercredi avec un dernier témoin, après quoi les avocats des deux parties prépareront leurs plaidoiries finales, prévues pour jeudi. La juge Marie-Claude Gilbert entend le procès.
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