Coopération internationale : Que valent l’Algérie et le Mali pour la Russie ?

Entre alliances historiques, coopération militaire et nouveaux enjeux économiques, Moscou s’impose en Afrique du Nord et de l’Ouest comme un partenaire clé de l’Algérie et du Mali.

Dans le tumulte géopolitique mondial, la Russie poursuit sa stratégie d’implantation sur le continent africain. Si de nombreux pays sont ciblés par la diplomatie russe, deux retiennent particulièrement l’attention de Moscou ces derniers jours : l’Algérie et le Mali. L’un, poids lourd diplomatique et militaire du Maghreb ; l’autre, pivot sahélien en pleine recomposition politique. Quels sont les ressorts de l’intérêt russe pour ces deux Etats ? S’agit-il d’alliances opportunistes ou d’ancrages stratégiques à long terme ?

Algérie-Russie : une amitié forgée dans le feu de la décolonisation

La relation entre l’Algérie et la Russie remonte à l’époque soviétique. Pendant la guerre de libération (1954-1962), Moscou apporte un soutien politique et matériel au FLN. Après l’indépendance, l’Algérie devient un partenaire précieux de l’URSS dans le monde arabe, adoptant un modèle de développement inspiré du socialisme.

Dans les années 2000, Vladimir Poutine relance cette relation, notamment avec l’annulation d’une dette algérienne de près de 5 milliards de dollars en échange de nouveaux contrats d’armement. Depuis, la coopération s’est élargie à d’autres domaines, tout en conservant une forte coloration militaire.

Mali-Russie : une alliance récente, stratégique et politique

Les relations entre le Mali et la Russie sont plus récentes. Durant la guerre froide, Bamako navigue entre l’influence soviétique et celle de la France. Mais c’est après les coups d’État de 2020 et 2021 et la dégradation des relations avec Paris que la Russie devient un allié de premier plan pour les autorités de transition. Moscou s’impose comme un partenaire militaire et diplomatique dans un contexte d’isolement international du régime malien.

L’Algérie, client préférentiel de l’armement russe

L’Algérie est aujourd’hui l’un des premiers clients africains de l’industrie défense russe. Les avions de chasse Sukhoï, les chars T-90 et les systèmes de défense anti-aérienne russes constituent l’épine dorsale des forces armées algériennes. Des exercices conjoints et une coopération en matière de renseignement complètent ce partenariat stratégique.

Pour Moscou, l’Algérie est un partenaire fiable et stable, situé à la frontière de l’Europe et du Sahel. Pour Alger, cette coopération permet de conserver une posture indépendante face à l’OTAN et d’éviter toute forme de tutelle occidentale.

Le Mali, un partenaire militaire en construction

Au Mali, la coopération militaire a pris une tournure particulière avec la présence des instructeurs russes qui se sont engagés aux côtés des forces armées maliennes contre les groupes jihadistes. En parallèle, Moscou a fourni des hélicoptères, des véhicules blindés et des armes légères. Le Mali entend se doter à de  l’armement sophistiqué auprès de cette même Russie, partenaire privilégié de l’Algérie.

Cette présence au niveau international, traduit une volonté russe de s’imposer comme protecteur de régimes militaires, en proposant une alternative aux coopérations occidentales, jugées trop intrusives par certains Etats.

Une coopération économique inégale

Algérie-Russie : hydrocarbures et industries de défense

Outre le secteur militaire, la Russie s’intéresse à l’énergie algérienne. Gazprom et Rosneft ont manifesté leur volonté d’investir dans le pétrole et le gaz en Algérie. Les deux pays coopèrent également au sein de l’OPEP, où ils cherchent à stabiliser les prix de l’or noir.

Cependant, les échanges commerciaux restent modestes au regard du potentiel. Les obstacles résident notamment dans la bureaucratie, le manque de diversification économique et les freins aux investissements étrangers.

Mali-Russie : promesses minières et symboles

L’économie malienne reste très dépendante de l’aide extérieure, et la Russie ne fait pas partie des grands bailleurs. Néanmoins, des accords ont été signés dans le domaine minier, notamment l’or et l’uranium. Des coopérations dans l’agriculture, la formation et la technologie sont annoncées, mais peinent encore à se concrétiser.

Pour le Mali, il s’agit surtout de diversifier ses partenaires et de rompre avec les anciens schémas de dépendance. Pour la Russie, ces gestes renforcent son image de puissance amie.

Deux modèles d’influence pour un même objectif

En Algérie comme au Mali, la Russie déploie une stratégie différenciée mais cohérente : alliance militaire avec l’un, soutien sécuritaire et politique avec l’autre ; coopération économique modérée mais ciblée ; et surtout, un discours souverainiste qui séduit des Etats en quête d’alternatives.

L’Algérie est un partenaire solide et historique, ancré dans la continuité. Le Mali est un laboratoire d’influence, révélateur des nouvelles ambitions africaines de Moscou. Deux pièces maîtresses d’un jeu géopolitique dont l’Afrique est désormais l’un des nouveaux théâtres.

Alors que les puissances occidentales revoient leur position en Afrique, la Russie consolide des alliances qu’elle espère durables. L’avenir dira si cette stratégie se traduira en influence réelle et bénéfique pour les peuples concernés.

D Sangaré

 

 

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