Côte d’Ivoire : En meeting à Cocody Angré, Gbagbo déclare : « Nous devons prendre le pouvoir pour rétablir l’ordre foncier »
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a tenu un rassemblement le samedi 1er mars au stade d’Angré à Abidjan dans le cadre de la tournée « côcôcô » de son parti, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Devant un public nombreux et enthousiaste, il a abordé plusieurs questions cruciales pour l’avenir du pays, dont la gestion du foncier urbain, la déforestation et la corruption, tout en exprimant son soutien à son militant, Koné Souleymane, actuellement en détention à Paris.
Dans son discours, Laurent Gbagbo a d’abord évoqué l’arrestation de Koné Souleymane, un de ses partisans, qu’il a salué pour son engagement envers lui et le mouvement. Il a assuré qu’il suivait de près son dossier et espérait une issue favorable, soulignant que cette situation était un combat partagé par tous ceux qui luttent pour la justice.
Le sujet central de son discours a toutefois porté sur les problèmes fonciers qui secouent la Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan.
Selon Gbagbo, les conflits de terres sont désormais omniprésents dans la capitale économique du pays, où de multiples propriétaires revendiquent les mêmes parcelles. Il a dénoncé la situation dramatique des Ébriés, le peuple autochtone d’Abidjan, qui a vu ses terres se réduire comme peau de chagrin à cause de l’urbanisation galopante.
« Abidjan n’existe plus comme elle était avant. Ce stade où nous nous trouvons était autrefois la forêt des Ébriés, c’était un terrain de culture », a-t-il rappelé.
L’ex-président a exprimé son inquiétude face à l’ampleur de la déforestation qui a modifié le paysage urbain, déplorant la disparition des espaces verts autrefois utilisés pour l’agriculture.
« Il n’y a plus de forêts, plus de terres disponibles pour la culture. Quand je suis arrivé à Abidjan en 1962, la ville était entourée de forêts. Aujourd’hui, il ne reste plus rien. »
Laurent Gbagbo a insisté sur la nécessité d’une législation sur le foncier, couvrant aussi bien les terres urbaines que rurales. Il a dénoncé l’infiltration d’individus non ivoiriens qui, après avoir fraudé pour obtenir la nationalité, acquièrent des terres et en font des biens immobiliers.
« Quand des problèmes surgissent, ces individus disparaissent car leur situation reste floue », a-t-il affirmé.
Pour lui, l’urgence est de légiférer pour permettre à chaque citoyen ivoirien d’avoir accès à une parcelle de terre.
« Je suis étonné que ceux qui nous gouvernent provisoirement ne voient pas cela. À Abidjan, il n’y a pas un seul endroit où il n’y ait pas de problème foncier. », a mentionné, le Président du PPA.CI.
« Nous devons prendre le pouvoir pour rétablir l’ordre foncier. Les terres des Ébriés ont été spoliées, et il ne faut pas que cela se reproduise ailleurs », a-t-il ajouté, appelant à une prise de conscience des autorités actuelles sur ce problème crucial.
Dans son discours, Gbagbo a également abordé la question de la corruption, en exhortant les jeunes générations à faire attention aux tentations de l’enrichissement rapide par la politique.
« Si vous voulez être riche, ne faites pas de politique, faites des affaires », a-t-il conseillé, en soulignant que la politique ne rend pas riche, mais permet de vivre dignement. « Beaucoup d’hommes politiques sont devenus riches, mais d’où viennent leurs richesses ? « , a-t-il interpellé.
L’ex-président a rappelé que, durant son mandat, il n’avait pas volé et qu’il vivait aujourd’hui de sa rente viagère, un salaire versé aux anciens présidents. Il a mis en garde contre les abus de pouvoir et les pratiques frauduleuses dans la gestion publique, soulignant que l’enrichissement personnel par la politique est une forme de vol.
« J’ai été président pendant dix ans, et je n’ai pas volé. Même à la CPI, on m’a déclaré indigent, ce qui signifie que la CPI a payé mon avocat », a souligné, Laurent Gbagbo.
Il a conclu son intervention en réaffirmant son engagement à défendre les intérêts des Ivoiriens et à reconstruire ce qui a été détruit, notamment les villages spoliés et les terres des Ébriés. Gbagbo a promis que s’il revenait au pouvoir, il rétablirait l’équité foncière et protégerait les terres des citoyens.
« Je vais reconstruire le village d’Adjamé, et je m’engage à faire en sorte que nos forêts, nos terres et nos ressources naturelles soient protégées pour les générations futures », a-t-il assuré.
Ce discours fort et passionné a une fois de plus montré la détermination de Laurent Gbagbo à remettre en cause l’ordre établi et à lutter pour une gestion plus juste des ressources du pays.
Dans un contexte où le foncier devient une question de plus en plus préoccupante, son appel à une réforme urgente semble plus que jamais d’actualité.
Wassimagnon
Par Koaci
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