C’est l’une des langues les plus rares de Côte d’Ivoire : le sokya ne compte que 20 000 locuteurs. Cette communauté originaire de Vavoua, dans le centre du pays, redoute de voir son identité s’effacer à la faveur de l’exode rural. Pourtant, la langue n’est pas tombée dans l’oubli, en partie grâce à des missionnaires chrétiens qui ont contribué à le faire passer de l’oral à l’écrit.
De notre correspondant à Vavoua,
Stéphane, planteur de cacao, vit à Dédiafla, l’un des 13 villages de sa communauté. Les Sokyas y sont aujourd’hui minoritaires, car les jeunes partent, selon lui : « Ils vont s’installer en ville, parce qu’au niveau du village, il n’y a plus de forêt pour travailler. » L’exode rural fait craindre la disparition de la langue, jugée trop difficile, au profit du gouro et du français.
Une Bible pour sauver la langue
Pourtant, le sokya (également orthographié « sokuya ») perdure en partie grâce à un petit livre bleu : une traduction du Nouveau Testament. À l’origine de ce projet, il y a Philip Saunders, un missionnaire écossais arrivé en pays sokya dans les années 1970. « Il a commencé à interroger les anciens : « Est-ce que vous avez l’assurance que, dans dix ans, cette langue va continuer à être parlée ?« », confie le pasteur Ambroise Kalou.
Ce dernier a fait partie de la douzaine de traducteurs qui ont assisté Philip Saunders : « Il a proposé de traduire et d’écrire afin que la langue soit préservée sur un support écrit. Nous nous sommes alors dits que si le Nouveau Testament était traduit en sokya, nous serions vraiment heureux d’avoir, nous aussi, notre propre version. »
Un travail de fourmi
Trente années ont été nécessaires pour transcrire plus de 2 000 mots de l’oral à l’écrit, à l’aide d’un alphabet spécial. La langue s’est même enrichie, selon Didier Bita, l’un des traducteurs.
Les habitants sokyas de Dédiafla espèrent que leur langue survivra, à l’image d’Angéline : « Si la Bible est en sokya, alors les gens peuvent parler sokya. Le sokya existe. »
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