Côte d’Ivoire : le directeur de la télévision nationale limogé

Le patron de la télévision nationale, qui est un proche d’Alassane Ouattara, et le directeur général du Conseil coton-anacarde (CCA) ont été limogés, mercredi 10 juillet, au sortir d’un conseil des ministres par le président ivoirien dont la stratégie de lutte pour la bonne gouvernance est plutôt fluctuante.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Dembélé Fausséni dit Al Séni, directeur général de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), a des raisons de se plaindre de son sort. D’ordinaire, les cas de mauvaise gestion ne se soldent pas par le type de traitement qui est le sien. En avril dernier, la Cour des comptes avait révélé un scandale financier portant sur 14 projets gouvernementaux financés pour partie par la Côte d’Ivoire et des concours extérieurs. Mais ces projets n’ont pas été entièrement exécutés alors que les crédits alloués ont été décaissés. La Cour des comptes avait exigé des explications au Ministre du Budget et du Portefeuille de l’État qui n’a toujours pas réussi à justifier de telles incohérences.

Or, aucun des responsables des ministères concernés n’a été relevé de ses fonctions comme l’ont été, ce mercredi 10 juillet, le directeur général de la RTI, Dembélé Fausséni, et celui du Conseil coton-anacarde, Adama Coulibaly, tous originaires du nord. Selon un communiqué du gouvernement, des contrôles et audits ont notamment permis de relever des dysfonctionnements, ainsi que des problèmes de gouvernance et de gestion au sein des deux entreprises. Ce qui a obligé le Chef de l’Etat à limoger les deux responsables, a ajouté le communiqué.

Les finances de la RTI ont dégringolé de 3,28 milliards de solde créditeur, lors de la passation des charges en 2018, à 1,81 milliard de dettes fin 2022. Déjà après deux années d’exercice, les comptes de l’entreprise étaient retombés dans le rouge avec une dette de l’ordre de 960 millions. Mais selon des médias locaux, le licenciement du patron de la télévision ivoirienne a été rendu inéluctable par le mécontentement des travailleurs. Ces derniers se plaignaient des mauvaises conditions de travail, ainsi que du non-respect des engagements sociaux pris par la direction. Le 26 juin dernier, l’un des plus puissants syndicats de l’entreprise, le syndicat national des agents de l’information (Syninfo), avait organisé une conférence de presse pour menacer avec une motion de grève qui a fini par être levée les jours suivants à l’issue de diverses tractations.

A 14 mois de l’élection présidentielle, la présidence ivoirienne n’a visiblement pas envie de se mettre à dos un important outil de propagande resté ouvertement hermétique à tout autre son de cloche et à l’opposition en particulier. En tant que média public, la télévision ivoirienne est pourtant financée par les impôts des Ivoiriens. Ces derniers payent également une redevance RTI de 2.000 FCFA collectée grâce aux factures d’électricité. Mais, malgré toutes ces contributions, le gouvernement dicte le contenu des émissions en y nommant des obligés ou des militants à la tête de l’entreprise. Dembélé Fausséni avait dirigé le journal L’Expression proche du président Alassane Ouattara avant de prendre la tête de la RTI en 2018.

Dembélé Fausséni avait remplacé Ahmadou Bakayoko, un autre cadre du nord, à la tête de la RTI. M. Bakayoko dirige désormais le couple d’entreprises Sodeci-CIE détenu par la multinationale française Eranove. Et avait lui-même remplacé Pascal Brou Aka, qui était également un proche du président Alassane Ouattara.

 

 

 

 

 

 

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