Côte d’Ivoire : “Le problème est du côté du PDCI et du PPA-CI qui voient subitement que la CEI est le diable incarné” (Journaliste)

Tidjane Thiam chez Laurent Gbagbo


La Commission électorale indépendante (CEI) est une nouvelle fois au centre des débats en Côte d’Ivoire. Alors que le pays s’apprête à vivre une élection présidentielle cruciale en octobre 2025, les deux principales formations de l’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), ont décidé de suspendre leur participation aux activités de l’institution électorale. Une décision qui fait couler beaucoup d’encre. 

Le PPA-CI a été le premier à annoncer officiellement son retrait, dans une lettre en date du 11 avril 2025, signée par Demba Traoré, représentant du parti à la CEI. Cette décision, selon les responsables, s’explique par “l’absence de réformes consensuelles” et “le refus du gouvernement d’engager un véritable dialogue politique”. Dans la foulée, le PDCI-RDA, autre pilier de l’opposition, a pris la même voie. Ces retraits en cascade ont été salués par Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, qui y voit l’émergence d’un front commun contre le régime en place : “Je suis heureux que le PDCI nous ait suivis”, a-t-il déclaré lors d’un meeting tenu à Dabou ce samedi 12 avril 2025. 

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Mais cette stratégie d’opposition n’est pas partagée par tous. Le journaliste et analyste politique Ambroise Tiétié estime que la volte-face du PDCI et du PPA-CI pose problème, car elle intervient opportunément à l’approche du scrutin présidentiel. 

“Justement, le problème est du côté de ceux qui voient subitement, à quelques mois de l’élection présidentielle, que la CEI est le diable incarné. Alors qu’ils siégeaient naguère dans cette institution qui a proclamé la victoire de leurs élus lors des dernières élections locales. En ce temps-là, la CEI était bonne et ‘fréquentable’. Puis, brusquement, ils la fuient, les uns à la suite des autres, comme mus par le syndrome de merle.” 

Pour le journaliste, ce retrait soudain pourrait dissimuler des objectifs politiques non avoués : “Tout cela donne le sentiment qu’ils ont un agenda caché. Mais pas tant que ça. Puisque l’observateur averti voit dans le ventre de la pile.” Cette déclaration relance un débat récurrent sur la légitimité et la neutralité de la CEI, déjà fortement critiquée lors des scrutins passés. Depuis plusieurs années, l’opposition réclame une réforme en profondeur de cette institution afin de garantir la transparence et la crédibilité des élections en Côte d’Ivoire. 

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Face à cette nouvelle crise de confiance, l’exécutif reste silencieux pour l’instant. Mais à quelques mois d’une élection aux enjeux majeurs, l’atmosphère politique se tend, et la question de la participation pleine et entière de l’opposition au processus électoral reste entière. Le retrait du PDCI et du PPA-CI est-il une manœuvre stratégique ou un réel cri d’alarme démocratique ? Quoi qu’il en soit, la CEI apparaît plus que jamais comme l’épicentre des tensions politiques ivoiriennes. 

Prince Beganssou 

Côte d’Ivoire : Demba Traoré annonce suspendre sa participation à la CEI

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