Côte d’Ivoire : l’épiscopat demande l’ « intégration de tous les candidats » à la présidentielle 2025
Alors que le débat sur l’éligibilité de plusieurs candidats de l’opposition cristallise la tension en Côte d’Ivoire ces derniers mois, la Conférence des évêques catholiques du pays, a appelé, lundi 24 mars à une solution politique. Dans un message lu par son président, Mgr Marcellin Yao Kouadio, évêque de Daloa (ouest), l’épiscopat ivoirien appelle les « gouvernants » à prendre « une décision d’intégration politique (sur la liste électorale, NDLR) de tous les candidats pour une élection présidentielle juste, transparente, inclusive et apaisée ».
À sept mois de l’élection présentielle annoncée pour le 25 octobre, la météo politique ivoirienne demeure fiévreuse et remplie d’incertitudes, après la publication de la liste électorale provisoire dans laquelle ne figurent pas plusieurs candidats déclarés, notamment Laurent Gbagbo et son ex-ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé. Acquittés en 2019 par la Cour pénale Internationale où ils étaient poursuivis pour crimes, les deux hommes politiques ont été radiés de la liste électorale après des condamnations par contumace à vingt ans de prison qu’ils contestent. Aussi, l’ex-chef de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro, en exil, a été lui aussi radié de la liste électorale après une condamnation à vingt ans de prison pour recel de deniers publics détournés.
Quant à Cheick Tidjane Thiam, le président du Pdci-Rda (opposition) qui a renoncé à la nationalité française pour ses ambitions présidentielles, le débat autour de sa nationalité et de son éligibilité est au cœur d’un débat qui rappelle celui de « l’ivoirité » dont a longtemps souffert l’actuel président Alassane Ouattara dans les années 1990. Ce dernier, au pouvoir depuis 2011, n’a encore pas écarté la possibilité de briguer un quatrième mandat souhaité par ses partisans.
« Tension sociale faite de peur et de stress »
« La situation sociopolitique ne rassure guère », constatent les évêques dans leur message. Ils y fustigent « la culture de la violence, le phénomène des « microbes » (enfants délinquants), l’interdiction de manifestation politique, l’achat de consciences, le scandale foncier, le maintien d’opposants politiques en prison ou en exil, les discours à relents identitaire, indécents, discourtois (qui) ne font que renforcer le sentiment de méfiance et de tension sociale faite de peur et de stress ».
Ainsi, selon les évêques, l’élection présidentielle à venir inquiète toute une population dont la mémoire reste blessée par les précédentes élections, surtout celles de 2010 et 2020. « Cette élection nouvelle ne doit pas se transformer en crise sociale avec son corollaire de conflits intercommunautaires, de dislocation des familles, de délinquance, de mensonge, d’humiliation, de déshumanisation. », exhortent-ils en appelant à « garder l’espérance ».
Acteur clé de cette élection, l’épiscopat a interpellé la Commission électorale indépendante (CEI), fortement critiquée par l’opposition et une partie de la société civile, à « construire la confiance en respectant les normes les plus objectives de transparence et d’impartialité ». Alors qu’elle a publié la liste électorale provisoire le 17 mars et ouvert le contentieux, les évêques l’invitent à « travailler à la réduction de toute faille potentielle dans le système qui pourrait miner la confiance du public dans les futures élections. »
« Plus de guerre ! plus de morts ! »
Les évêques ivoiriens ont en outre lancé un appel à la responsabilité, à la dignité et au professionnalisme, aux partis politiques, aux guides religieux, aux professionnels des médias nationaux et internationaux, aux jeunes, aux forces de défense et de sécurité.
« Ne mettons plus notre pays et ses habitants en danger, insistent-ils. Nous ne voulons plus de conflit postélectoral ! Plus de guerre ! Plus de morts ! Notre pays est à une phase charnière : une autre ère s’annonce pour des lendemains meilleurs. Jeunes, femmes et hommes de notre beau pays, demeurez des artisans de paix. »
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