Côte d’Ivoire: les potions aphrodisiaques locales excitent la controverse

En sachets ou en bouteilles, ces supposés aphrodisiaques made in Côte d’Ivoire sont proposés un peu partout sur le marché, et sont souvent appelés «Intervention rapide». Il s’agit de potions détournées de leur usage d’origine, mais dont nul ne connaît les effets secondaires à long terme.

Le viagra, médicament conçu pour traiter les dysfonctionnements érectiles, a gagné en popularité en Côte d’Ivoire. De nombreux hommes, et parfois des femmes, en consomment, non seulement pour des raisons médicales, mais aussi pour améliorer leurs performances sexuelles. Certains ont bien voulu en témoigner: «J’ai souvent recours à ce remède, car on n’est pas toujours en condition physique pour satisfaire sa compagne. Le viagra nous redonne de la vitalité», reconnaît Palm Herbert, usager.

Mais cette renommée a inspiré herboristes et apothicaires qui promettent à leur clientèle puissance et plaisir. Parce que ce qui à l’origine était une solution médicale conçue pour résoudre un problème de santé spécifique, s’est transformé en polémique avec l’arrivée sur le marché de nombreuses potions locales dénommées Attoté censées avoir des vertus aphrodisiaques.

Cet attrait pour de tels produits est à l’origine de bien d’inquiétudes au sein de la société. Certains craignent que l’usage excessif du «viagra local» n’entraîne des effets secondaires néfastes, notamment des problèmes cardiaques et respiratoires. De plus, l’utilisation abusive de ces préparations comme solution rapide à des problèmes qui pourraient nécessiter une approche plus holistique, préoccupe les autorités sanitaires du pays.

«Des amis qui ont fait usage de ces produits, aujourd’hui sont méconnaissables», témoigne Dipa Atsin Marc, opérateur économique. C’est à juste titre que l’Autorité Ivoirienne de Régulation Pharmaceutique (AIRP) a publié, il y a de cela quelques semaines, une note d’information relative à la suspension de la fabrication et de la commercialisation de produits contenant du sildénafil, le principe actif du viagra qui en est le nom commercial. Il s’agit des produits commercialisés sous les noms de «Attoté original 100% naturel» et «La paix congnons-mousso-yako».

Ces mixtures buvables, commercialisées comme aphrodisiaques naturels à base de plantes, n’en sont pas en réalité, car contenant le sildénafil, médicament générique du viagra. «La consommation de ces produits frelatés, surdosés au sildénafil entraîne des maux de tête et des vertiges», indique la note de l’AIRP. Et d’ajouter, «pis, chez les patients hypertendus ou présentant des risques cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des crises cardiaques, voire la mort subite, peuvent survenir». «C’est pourquoi nous recommandons les fruits et légumes dont l’utilisation efficiente et ordonnée constitue un remède viagrique pour l’homme», conseille, Aka Félix, docteur naturothérapeute.

La polémique autour de l’usage de ces potions aphrodisiaques en Côte d’Ivoire sont le reflète des aspects de la santé, de la sexualité et de société de manière générale.

Alors que le pays continue à progresser, des débats ouverts sur ces sujets seraient la bienvenue afin de promouvoir la santé et le bien-être de tous.

Même si le viagra fait des heureux au sein des couples, il n’en demeure pas moins que l’usage abusif de ces produits frelatés pourrait avoir des répercussions sur la santé de l’utilisateur. L’avis du médecin est donc nécessaire avant toute utilisation.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)

Le 03/05/2024 à 11h44

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