C’est Abobo, quartier populaire parmi les plus densément peuplés de la capitale ivoirienne, Abidjan, qui a été choisi pour le coup d’envoi de la première campagne de vaccination contre le paludisme du pays, ce lundi. L’aiguille a d’abord piqué un nourrisson de six mois, qui recevra en principe trois autres doses de vaccin, à 8, 9 et 15 mois.
L’opération doit s’étendre dans sa première phase à 250 000 enfants de moins de deux ans, catégorie de la population majoritairement touchée par cette maladie sur le continent africain. Et cibler d’ici à la fin de l’année tous les enfants en bas âge sur le territoire ivoirien, où la maladie tue quatre personnes par jour dont trois enfants de moins de 5 ans, selon le ministère de la Santé. L’actuelle saison des pluies (de juin à octobre) est particulièrement redoutée. Les eaux stagnantes favorisent la reproduction des moustiques porteurs de la maladie, qui se manifeste par des symptômes divers, dont des maux de tête, fortes fièvres, frissons, diarrhées ou vomissements.
«Je vous demande de livrer la guerre au paludisme en faisant vacciner vos enfants», a exhorté le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, présent à Abobo ce lundi. Cause d’absentéisme scolaire et professionnel, le paludisme contribue à réduire de 43 % le revenu mensuel des ménages, avait indiqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé, Koffi Aka Charles, le 10 juillet. Empreint de «fierté» et de «grand espoir» au sujet du vaccin, il avait aussi évoqué «une avancée majeure dans notre lutte contre le paludisme».
Après le Cameroun, qui a lancé le 22 janvier la première campagne de vaccination antipaludique à grande échelle, la Côte-d’Ivoire franchit un nouveau palier en intégrant ce vaccin dans son programme de vaccination de routine. Le pays a déjà reçu doses 656 600 doses du sérum R21 /matrix-M. Il s’agit de la deuxième génération du vaccin.
20 centimes par dose
Le premier, RTS, S (utilisé au Cameroun), résultait de trente ans de recherche, et a été approuvé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2021. Il est fabriqué par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline. Son taux de prévention, évalué à 30 %, grimpe à près de 66 % en le combinant à d’autres traitements antipaludiques avant la saison des pluies, résume The Conversation.
Quant au R21 /Matrix-M, développé par l’Institut Jenner de l’université d’Oxford, il a été approuvé par l’OMS en octobre 2023. Des millions de doses ont déjà été produites par le plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India. Il réduit les cas de paludisme de 75 %, et est vendu entre deux et quatre dollars la dose. Une politique de cofinancement de la Global Alliance for Vaccines and Immunization – Gavi, alliance qui a notamment pour partenaires la Banque mondiale, l’OMS ou la fondation Bill et Melinda Gates – permet de ramener les coûts de ces deux vaccins à environ 20 centimes par dose.
En 2022, le paludisme a causé plus de 600 000 décès dans le monde, dont 95 % sur le continent africain. En 2024, 20 pays d’Afrique prévoient d’introduire le vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination infantile. La République centrafricaine et le Mozambique, notamment, devraient emboîter le pas à la Côte-d’Ivoire «pour introduire le vaccin R21 /Matrix-M dans leurs programmes de vaccination de routine. Huit autres pays proposent déjà le vaccin contre le paludisme RTS, S dans leurs services de vaccination des enfants : Kenya, Ghana, Malawi, Cameroun, Burkina Faso, Sierra Leone, Benin et Liberia», précise l’OMS. En septembre 2022, au moment des ultimes tests du R21 /Matrix-M au Burkina Faso, le vaccinologue de l’université d’Oxford Adrian Hill estimait dans The Guardian que le vaccin pourrait éradiquer la maladie d’ici à 2040.
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