Crise humanitaire, exactions, réfugiés… Entre le Mali et la Mauritanie, une frontière de sable et sous haute tension – Libération

Reportage

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Des dizaines de milliers de réfugiés maliens ont rejoint la Mauritanie ces derniers mois. Nouakchott s’indigne des violences commises par l’armée malienne et ses alliés russes, tandis que Bamako reproche à son voisin d’accueillir des combattants rebelles sur son territoire.

«Avez-vous compris ?» demande Ghissa (1). Le téléphone crachote. La ligne s’interrompt brusquement pendant quelques secondes, puis reprend. «Avez-vous compris ce que j’ai dit ?» réitère le Touareg malien. A l’extérieur de la tente où il se trouve, dans le camp de réfugiés de Mbera (Mauritanie), dans la région du Hodh El Chargui, à plus de 1 500 kilomètres à l’est de la capitale mauritanienne, la température frise les 45 °C. Les tumultes de ce camp immense aux allures de ville provisoire et la mauvaise qualité de la liaison téléphonique rendent les échanges difficiles. «Il n’y a plus de médias qui viennent ici, ils n’ont plus accès au camp. Le problème des réfugiés est totalement passé sous silence. C’est très sensible ce qui se passe. Surtout, ne dites pas mon nom», insiste Ghissa avec inquiétude.

A l’automne, les Forces armées maliennes (Fama) ont repris pied dans les villes du nord du Mali, qui étaient contrôlées depuis près de dix ans par d’anciens groupes armés indépendantistes, signataires d’un accord de paix (en 2015) jamais entré en application. Durant cette reco

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