Crise humanitaire majeure : MSF appelle l’ONU et les organisations humanitaires à « revenir au Soudan »
Une guerre oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, au Soudan.
Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de bombardements aveugles de zones habitées dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l’ONU.
Quelque 25,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont confrontées à « une insécurité alimentaire aiguë », a indiqué fin juin un rapport appuyé par l’ONU.
Un tiers des personnes blessées en 15 mois de guerre sont « des femmes et des enfants de moins de 10 ans », précise Christos Christou, le président international de Médecins sans frontières (MSF) dont l’organisation aide les hôpitaux encore opérationnels dans le pays.
De l’aide que dans l’est du pays
Alors que le pays est plongé dans « l’une des pires crises humanitaires de mémoire récente » selon l’ONU, la grande majorité des opérations humanitaires ont été interrompues. De nombreuses organisations ont choisi « d’attendre de voir comment le conflit va évoluer », a dit Christou dans un entretien avec l’AFP à Port-Soudan, à un millier de kilomètres à l’est de la capitale Khartoum.
Mais « nous demandons que d’autres organisations, et en particulier les agences des Nations unies, reviennent et fassent davantage », a-t-il dit.
Les discussions entre les deux camps et un émissaire de l’ONU se poursuivent cette semaine à Genève, centrées notamment sur l’aide humanitaire et la protection des civils.
La plupart des organisations humanitaires n’ont réussi à envoyer de l’aide que dans l’est du pays, contrôlé par l’armée, et l’ONU a accusé les belligérants de « bloquer systématiquement » l’accès aux humanitaires.
« Nous continuons de subir des pillages, un harcèlement du personnel médical et nous avons perdu des gens », a déploré Christou.
Les deux camps accusés
Depuis le début de la guerre, l’armée et les FSR ont été accusées de pillages et d’entrave à l’aide humanitaire, ainsi que d’avoir presque détruit un système de santé déjà fragile.
À El-Facher, chef-lieu de l’État du Darfour-Nord, seule capitale des cinq États de la région du Darfour (ouest) à échapper encore aux paramilitaires, il y a eu au moins neuf attaques contre des installations soutenues par MSF depuis la reprise des combats le 10 mai.
Partout au Soudan, des médecins ont été menacés, des patients tués et des unités pédiatriques bombardées, lors d’attaques que Christou a qualifiées d’« intentionnelles ».
« Les hôpitaux sont des lieux sacrés, où les gens ont le droit de chercher de l’aide et où les patients et le personnel médical doivent être protégés », a-t-il souligné.
La plupart des blessés dans les combats ne peuvent pas atteindre les hôpitaux, dont plus de 70 % ont été mis hors service.
Dans les hôpitaux soutenus par MSF, souvent les seules installations pouvant accueillir des patients, « presque une personne sur trois admises avec des blessures liées à la guerre est une femme ou un enfant de moins de 10 ans », a déclaré Christou.
« C’est notre cauchemar »
À l’approche de la saison des pluies, les organisations humanitaires ont averti que les pluies torrentielles et les inondations isoleraient des régions entières.
« C’est notre cauchemar », a déclaré Christou, ajoutant que le schéma régulier de « malnutrition saisonnière » au Soudan a laissé place à une famine de masse imminente.
Les agences humanitaires préviennent de longue date que seule la difficulté d’accès aux données sur le terrain a empêché que la famine soit déclarée officiellement au Soudan, mais MSF et d’autres organisations observent des « tendances croissantes de malnutrition sévère » à travers le pays.
Dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le nord du Darfour, qui accueille plus de 300 000 personnes, 63 000 enfants « sont considérés comme malnutris », dont 10 % « gravement et sévèrement malnutris », a indiqué Christou.
« Cette situation devrait nous inquiéter tous. Elle devrait nous indiquer que nous devons répondre collectivement en tant que communauté internationale pour empêcher que cela ne s’aggrave », a-t-il dit.
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