Critique d’«Augure», retour envoutant au Congo

Prix de la Nouvelle Voix à Cannes, le premier long-métrage du rappeur Baloji croise les destins de quatre personnages désignés par leur communauté comme des sorciers. Imprégné des univers des contes et aux accents mystiques, «Augure» soigne sa photographie et sa mise en scène, quitte à se perdre dans son propre reflet.

(Une critique de Fanny Agostino)

Koffi (Marc Zinga) et sa femme enceinte (Lucie Debay) ne sont pas sereins. Cela fait plus d’une heure que la sœur de celui-ci devait venir les récupérer à la sortie de l’aéroport. Le couple décide de louer une voiture pour rejoindre la famille de Koffi. Les retrouvailles sont glaciales : après quinze ans d’absences, personne n’adresse vraiment la parole à ce frère ainé, parti faire sa vie en Europe. Une atmosphère étrange règne au sein ce repas de famille où le père est attendu. La présence de Koffi y est bien pour quelque chose.

Impossible de visualiser le début du film du belgo-camerounais Baloji sans penser au thriller horrifique «Get Out». Cette fois-ci, le rapport de force est inversé : c’est une femme blanche est intronisée dans une famille congolaise. La réalisation joue sur la tension familiale et laisse planer le doute sur les raisons de ce malaise. Rapidement, on comprend néanmoins que l’ainé de la fratrie est né avec une tache de vin sur le visage, ce qui fait de lui un être à part, un sorcier.



Critique d’«Augure», retour envoutant au Congo
© Outside the Box

Le film se révèle par son esthétique – les couleurs s’adaptent au point de vue représenté avec des filtres différents – ainsi que son soin porté sur la photographie. Les séquences sont envoutantes : tout le casting y participe, comme le jeune Paco (Marcel Otte Kabeya), enfant des rues vêtu d’une robe de princesse rose. Parfois flottantes, certaines parties du film présentent des moments surréalistes. En témoignent les passages mélangeant carnaval et rite vaudou ou le moment inspiré du conte d’Hansel et Gretel. Le récit devient alors secondaire et le long-métrage s’ouvre à de nouvelles perspectives, proche du performatif.

Récit au cœur des secrets familiaux et du déracinement culturel, «Augure» est un premier film expérimental qui sort des codes. Malgré un travail redondant concernant les parties oniriques et poétiques, Baloji signe un premier film étonnant et marque de son nom un territoire enchanteur aux accents lyriques.

4/5 ★

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