D’anciennes infirmières d’agence incapables de travailler au N.-B.

Le réseau Vitalité a décidé de se passer des services rendus par les infirmières de l’agence Canadian Health Labs en janvier. Depuis, certaines d’entre elles disent être bloquées au Nouveau-Brunswick sans pouvoir exercer leur profession.

Si ça semble trop beau pour être vrai, alors ça l’est sans doute.

C’est peut-être ce qu’auraient dû se dire les infirmières engagées par Canadian Health Labs (CHL) afin de travailler pour le réseau Vitalité.

Elles ont gagné un revenu d’environ 100$ l’heure et se sont fait rembourser leurs frais de logement et de transport pendant plusieurs mois.

Par comparaison, les infirmières immatriculées du système public les mieux payées recevaient 46$ l’heure en 2023.

Cependant, plusieurs anciennes infirmières de CHL ont exprimé leur colère à L’Acadie Nouvelle, en demandant que le journal garde leur identité secrète.

Voilà un peu plus de deux mois que Vitalité leur a demandé sans préavis de rendre leur badge et a cessé de répondre à leurs questions, selon elles.

Leur ancienne agence leur a dit que ses avocats réfléchissaient à attaquer la régie en justice, mais qu’elle était incapable de forcer le réseau à les employer à court terme, d’après un document transmis à L’Acadie Nouvelle par le Globe and Mail.

«Votre contrat peut prendre fin à tout moment, comme stipulé dans celui-ci. Nous ne sommes pas en mesure de compenser cette interruption, car vous êtes rémunérées uniquement pour les heures travaillées, en tant que contractuel indépendant», a noté CHL dans un courriel à ses infirmières.

Autres agences

Or, plusieurs d’entre elles affirment qu’un cadre de Vitalité leur a dit que leur situation découlait seulement de la fin des relations entre le réseau et CHL.

Ce cadre leur aurait suggéré de continuer à travailler pour Vitalité, soit en demandant un poste directement à la régie, soit en obtenant un contrat auprès d’autres agences d’infirmières privées.

Vitalité intègre encore à ses équipes des infirmières itinérantes, qui ont des contrats avec Goodwill Staffing and Recruitment ainsi que Magnus HRS.

Les salaires horaires proposés sur des annonces publiées en février et en mars par ces entreprises sont compris entre 86$ et 115$ et s’accompagnent de remboursements de frais de transport et de logement.

Le Vérificateur général du Nouveau-Brunswick, Paul Martin, a toutefois trouvé qu’en comptant les frais d’agence, les infirmières de Magnus et Goodwill coûtaient moins cher au contribuable (170$ et 120$ l’heure respectivement) que celles de CHL (306$ l’heure) en 2024.

Victimes collatérales

D’anciennes infirmières de CHL ont raconté avoir signé des contrats avec Magnus et Goodwill, mais n’avoir jamais pu travailler à nouveau pour Vitalité.

Le contrat entre leur ancienne agence et la régie contient une clause interdisant à cette dernière de les recruter pendant 24 mois après une rupture de l’accord.

L’entente est toujours en place et les infirmières croient que CHL a autorisé Vitalité à les employer. Toutefois, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a déposé un projet de loi pour y mettre fin.

«Il est toujours étudié à l’Assemblée législative. Il a franchi l’étape de la deuxième lecture le 21 mars et a été envoyé au Comité permanent de la politique économique», indique un chargé de communication du ministère de la Santé, Sean Hatchard.

«Le Réseau de santé Vitalité prend acte du dépôt du projet de loi, indique le service de relations avec les médias de la régie. Nous analysons cette législation et évaluons son impact sur notre contrat avec CHL.»

Bref, les anciennes infirmières de l’agence au Nouveau-Brunswick sont les victimes collatérales d’un imbroglio qui les dépasse.

Produits jetables

Certaines d’entre elles sont très frustrées. Dans ce groupe se trouvent des parents qui sont venus au Nouveau-Brunswick avec leur conjoint et leurs enfants, qui ont perdu leurs revenus et qui ont des difficultés à quitter la province rapidement.

Une de ces infirmières raconte que, contrairement à d’autres, elle refuserait de signer un contrat directement avec Vitalité.

«J’ai vu comment les gestionnaires traitent les infirmières, a-t-elle témoigné. Ce sont vraiment de mauvaises conditions de travail.»

Elle souligne qu’en ignorant les anciennes infirmières de CHL, le réseau Vitalité montre à nouveau qu’il considère les professionnels de la santé comme des produits jetables.

«Beaucoup d’infirmières choisissent les agences privées non par goût de l’instabilité, mais parce que le système public échoue à les valoriser et à les soutenir, a-t-il dit. Cette situation en est la preuve. Des infirmières qui ont choisi de rester et d’aider se retrouvent abandonnées.»

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.