Dans l’antre des supercalculateurs – Québec Science

Les grappes regroupées à l’ETS portent elles aussi des noms poétiques : Béluga, Narval et Rorqual, en cours de déploiement. Autant de bêtes ultrapuissantes ! Béluga possède une mémoire vive – celle qui permet un accès direct à l’information et qu’on compare souvent à la mémoire de travail de notre cerveau – de 175 000 gigaoctets (Go). En comparaison, celle de votre ordinateur de bureau fait probablement moins de 20 Go.

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En coulisses

Avant d’accéder à la salle de serveurs, il faut se munir d’une paire de bouchons d’oreilles. « Le bruit est similaire à celui d’un avion à réaction au sol : presque 100 décibels », explique la directrice. Elle a bien raison : le vacarme, malgré la protection, est assourdissant. Heureusement que la majorité des opérations peuvent se faire à distance ! Devant nous se trouvent des étagères métalliques noires – des « baies informatiques » – où sont empilés les ordinateurs. Chaque baie est munie d’une lourde porte refroidissante dans laquelle circule de l’eau ; de 15 degrés à l’entrée, elle atteint 25 degrés après avoir absorbé la chaleur émise par les machines. La cacophonie de la pièce est pour sa part causée par les ventilateurs qui, au centre des serveurs, poussent la chaleur vers l’extérieur. Faire des calculs, ça chauffe.

Cette salle constitue le joyau principal de Calcul Québec. Elle représente aussi la collaboration étroite entre les différents établissements universitaires membres de l’organisme. « Même si elle est située à l’ETS, elle est sous responsabilité de l’Université McGill », tient à préciser notre guide. Parmi les autres pierres précieuses, une toute nouvelle grappe destinée à l’intelligence artificielle (IA) vient d’être déployée à l’Université Laval, en collaboration avec le MILA, l’institut québécois en IA.

L’infrastructure de Calcul Québec a aussi des besoins bien terre à terre. En complément de la salle principale où les calculs s’exécutent à toute vitesse, Suzanne Talon nous fait visiter une seconde pièce, presque tout aussi grande, entièrement consacrée au sto­ckage de sauvegardes : 300 pétaoctets de données sont conservés ici – environ 600 000 fois la capacité de stockage d’un ordinateur de bureau.

Une troisième salle laisse voir l’impressionnante tuyauterie consacrée au transport de l’eau vers les machines – le pH de celle-ci doit demeurer neutre pour éviter la corrosion des tuyaux. Et l’eau chaude qui sort de la salle principale ? « Elle est récupérée par Énergir et sert à chauffer les bâtiments de l’ETS », dit Suzanne Talon.

Nous traversons finalement la salle électrique, d’une capacité de 2 mégawatts. À lui seul, Béluga consomme 450 kilowattheures de façon continue – l’équivalent de l’énergie nécessaire à 180 foyers québécois, chauffage inclus. Pour des raisons de sécurité, les photos sont interdites dans ces salles de « soutien ».

Au total, 6000 personnes dans plus de 1300 groupes de recherche ont déjà utilisé les ressources de Calcul Québec. « Notre mission ne se limite pas à fournir et à opérer des infrastructures de pointe, souligne Suzanne Talon, un brin de fierté dans la voix. Mais aussi à offrir à la communauté scientifique le soutien nécessaire pour qu’elle atteigne son plein potentiel. »