dans les valises d’un journaliste nigérien

Sariou Adam Yerima s’envolera pour Paris le 14 juillet. Il compte parmi les quelque 6 000 journalistes accrédités pour les Jeux olympiques 2024. À 28 ans, il couvrira la compétition et ses à-côtés pour Studio Kalangou, un projet lancé en 2016 par la Fondation Hirondelle, une organisation suisse qui crée et soutient des médias dans des pays en crise.

Basé à Niamey, Studio Kalangou diffuse des programmes radiophoniques d’informations en plusieurs langues et publie des articles sur l’actualité nigérienne. En mars, le “Studio”, dont la rédaction compte une trentaine de journalistes, est devenu le premier média africain certifié par la Journalism Trust Initiative, un label mis en place par Reporters sans frontières.

Sariou Adam Yerima résidera et travaillera au Village des médias, installé à Dugny, en Seine-Saint-Denis, jusqu’à la fin des Jeux paralympiques. Courrier international l’a interrogé par échanges de courriels au début du mois de juillet.


Quel est votre état d’esprit avant de vous envoler pour Paris ?

J’assiste pour la première fois aux Jeux olympiques, et de la plus belle des manières. La France est un pays que j’ai toujours souhaité visiter et je compte profiter de ces instants de fête.

Je suis le plus jeune journaliste de l’histoire de mon pays à couvrir des Jeux olympiques, et le seul désigné par le Cosni (Comité olympique et sportif du Niger) pour Paris 2024. C’est une très grande fierté et un grand privilège. Je vais couvrir le plus grand événement sportif de la planète, après avoir couvert le championnat de lutte traditionnelle à Agadez, en 2023.

Décrivez-nous votre travail une fois en France ?

J’irai à la rencontre des sportifs nigériens [le Niger envoie en France une délégation de huit athlètes], comme Abdoulrazak Issoufou Alfaga en taekwondo [médaille d’argent en 2016 à Rio]. Je vais aussi passer du temps avec les athlètes paralympiques, comme Idé Oumarou Djabir, un para-taekwondoïste. J’irai également à la rencontre de la communauté nigérienne en France pour recueillir leur perception, leurs émotions sur ces Jeux olympiques.

Dans la mesure du possible, je suivrai aussi les performances des athlètes des pays où intervient la Fondation Hirondelle (Mali, Burkina Faso, Centrafrique, RDC, Madagascar, etc.). J’échangerai aussi avec mes confrères africains, on a tous pour objectif de faire découvrir les athlètes du continent au reste du monde.

Les Français, en quelques mots ?

Je ne les connais pas encore mais je suis certain que les Français seront attachés à l’esprit olympique, accueillants, amicaux, dans la solidarité et la compréhension mutuelle. Je pense que les Parisiens sauront s’adapter, même si c’est juste pour le temps des Jeux.

Les meilleures chances de médaille pour le Niger ? Allez-vous suivre des athlètes français plus particulièrement ?

Côté Niger, nous avons de bonnes chances en taekwondo, notamment avec l’icône du pays, Abdoulrazak Issoufou Alfaga, et le jeune Nouridine Issaka Garba, champion d’Afrique en titre dans la catégorie des moins de 58 kilos. Aux Jeux paralympiques, nous avons une chance de médaille avec Idé Oumarou Djabir, médaillé d’or dans sa catégorie [K44] au tournoi qualificatif de Dakar en février. Nous avons des athlètes en superforme et je suis convaincu qu’ils seront tous à la hauteur de l’événement. La force du Niger réside toujours dans les sports individuels.

La France est un grand pays de sport, où toutes les disciplines ont leur place. Je peux citer en judo la légende Teddy Riner, Alexandre Lacazette et le jeune Rayan Cherki dans l’équipe de football.

Le sujet que vous avez hâte de réaliser ?

Suivre les athlètes paralympiques d’Afrique de l’Ouest m’intéresse beaucoup, parce qu’ils sont trop peu sous le feu des médias.

Êtes-vous prêt à vous baigner dans la Seine ?

Pourquoi pas…

Une chose à manger que vous allez mettre dans vos valises ?

Je vais peut-être emporter du kilichi, de la viande séchée dont seul le Niger a le secret – tellement délicieux ! Sur place, je goûterai la très réputée pâtisserie française.

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