De jeunes Soudanais ont choisi de pèleriner ensemble

S’il est facile pour un Européen de se rendre d’une paroisse à une autre, la réalité n’est pas aussi évidente au Soudan du Sud. Depuis la visite du pape François dans le pays en février 2023, un pèlerinage pour la paix se déroule désormais chaque année au mois de janvier. Une centaine de jeunes pèlerins venant de milieux divers marchent ensemble sur de longues distances pendant plusieurs jours afin de rejoindre les quatre paroisses du diocèse de Rumbek (État des Lacs au centre du pays), dans un objectif de rencontre et de fraternité. 

La création du pèlerinage est indirectement liée au pape François. Lorsque sa visite dans le pays a été annoncée en 2022, les jeunes catholiques du diocèse de Rumbek « n’arrêtaient pas de dire qu’ils voulaient aller le voir », se rappelle sœur Orla Treacy, religieuse irlandaise des sœurs de Lorette, auprès de l’Aide à l’Église en détresse (AED). 

Cependant, marcher de Rumbek à Juba, capitale du Soudan du Sud où le pape François était attendu, représente un véritable défi logistique. 400 km séparent les deux villes. C’est alors qu’émerge l’idée d’un pèlerinage. La Providence veillant toujours, le voyage du pape François a finalement été reporté à l’année d’après, en février 2023, laissant le temps aux jeunes de s’organiser, et de pouvoir réaliser leur rêve. François s’est finalement rendu dans le pays du 3 au 5 février 2023. Avec l’aide de l’AED, les dépenses logistiques et de nourriture ont par ailleurs pu être couvertes pour permettre aux jeunes pèlerins de se déplacer. « Ce fut une expérience extraordinaire pour eux de rencontrer le Pape, et de faire partie de quelque chose de très universel », partage encore sœur Orla Treacy. 

Preuve que le fruit de cette rencontre bouleversante demeure, les jeunes catholiques Soudanais pèlerinent désormais chaque année. S’ils ne vont pas jusqu’à Juba, leur marche pour la paix se déroule autour des quatres paroisses de leur diocèse de Rumbek, qui a décidé et soutenu la mise en place du projet. « Parfois, il nous faut trois jours pour arriver à une paroisse, et d’autres fois, nous pouvons y arriver en une journée, les paroisses peuvent être distantes de 25 à 105 km les unes aux autres », explique encore sœur Orla.

Les centaines de participants viennent de différents sous-clans de la tribu Dinka (agriculteurs-pasteurs, ndlr). « Plusieurs membres de leur famille se seraient battus les unes contre les autres, les jeunes ont grandi en attendant des histoires de personnes d’autres villes qui leur font croire qu’ils sont l’ennemi des personnes issues d’autres clans, ou qu’ils agissent différemment d’eux », explique sœur Orla, ajoutant que cette marche est une belle manière de montrer que ces obstacles « peuvent se surmonter », en faisant de ces différences un moment de rencontre et de partage qui unit, et ne divise pas.