Blaine Higgs a annoncé cette semaine qu’il ne fermera la centrale thermique de Belledune en 2030, comme l’exige le gouvernement fédéral, que si l’abandon de cette source d’électricité ne menace pas notre approvisionnement. Nous appuyons cette sortie publique du premier ministre néo-brunswickois. L’heure n’est plus au pelletage de nuages, mais à la lucidité.
Énergie NB a d’énormes problèmes. Elle est surendettée et elle réclame des hausses de tarifs élevées à ses clients. Sa centrale nucléaire de Pointe Lepreau est de moins en moins fiable. Son barrage hydroélectrique de Mactaquac devra être remis à neuf au coût de plusieurs milliards de dollars. La centrale thermique de Belledune doit fermer d’ici 2030. Et la filière des miniréacteurs nucléaires, présentée comme une panacée, ressemble plutôt à un cul-de-sac.
Moins de 15 ans après le naufrage de la vente des actifs d’Énergie NB à Hydro-Québec, les conséquences se font sentir plus que jamais. Le sursaut de nationalisme de la population néo-brunswickoise et la vision à courte vue de nos politiciens de l’époque font mal.
Énergie NB fonce à toute vitesse vers un mur. Elle réclame des hausses moyennes de tarifs de 9,8% cette année et l’année prochaine. Étant donné que les industries lourdes ont droit à des tarifs préférentiels et même subventionnés, les simples clients résidentiels peuvent s’attendre à des augmentations de plus en plus salées. En tenant compte de l’effet boule de neige, elles pourraient totaliser près de 40% d’ici quatre ans.
Entretemps, il faut avoir l’œil sur l’horizon 2030. Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a ordonné que les centrales thermiques au charbon ferment leurs portes d’ici là.
Pour Énergie NB, c’est une catastrophe. Belledune produit environ 18% de l’électricité consommée dans notre province. Cette énergie est produite à bas prix. Sa fermeture provoquera un choc tarifaire.
Dès 2022, nous avons exhorté en éditorial le gouvernement fédéral à accorder «un sursis pour Belledune». Cette centrale joue un rôle trop important pour la délaisser sans une solution de rechange adéquate.
Dans le même éditorial, nous avions soulevé l’importance pour le Nouveau-Brunswick de planifier judicieusement cette étape importante dans la transition énergétique. Notre appel est tombé dans l’oreille d’un sourd.
Fredericton a misé sur la Boucle de l’Atlantique, laquelle devait permettre à l’Est canadien de partager les surplus hydroélectriques du Québec et du Labrador. Sans surprise, le projet n’a jamais pris son envol en raison des investissements colossaux requis pour sa réalisation.
Le gouvernement progressiste-conservateur a plutôt perdu son temps, le nôtre et des millions de dollars à vouloir projeter la construction de miniréacteurs nucléaires dans la région de Saint-Jean. Ceux-ci devaient remplacer à terme la production de la centrale de Belledune.
Cette semaine, le premier ministre a avoué, pour la première fois, que le Nouveau-Brunswick ne remportera probablement pas la course à la commercialisation de ces réacteurs, si ceux-ci devaient voir le jour.
Le gouvernement Higgs et Énergie NB sont Gros-Jean comme devant, sans un plan crédible pour remplacer la centrale de Belledune. C’est ce qui explique pourquoi il risque de passer outre l’ultimatum de 2030.
Dans les circonstances, nous croyons que M. Higgs a raison d’annoncer dès maintenant son intention de prolonger la vie de la centrale de Belledune, même contre la volonté d’Ottawa.
Les Néo-Brunswickois ne sont pas différents des autres Canadiens. Ils favorisent l’énergie renouvelable et souhaitent une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils ne veulent toutefois pas voir leurs tarifs d’électricité exploser et encore moins éprouver des problèmes d’approvisionnement. Blaine Higgs a mis le doigt sur le bobo en affirmant qu’il est hors de question de «nous mettre en péril et de fermer les lumières pour respecter une date magique en 2030».
C’est d’autant plus vrai que les conservateurs de Pierre Poilievre seront sans doute au pouvoir à ce moment-là. Rien ne garantit qu’ils maintiendront les politiques environnementales du gouvernement Trudeau, y compris la fermeture obligatoire des centrales au charbon.
La situation en terme d’approvisionnement énergétique d’Énergie NB s’est fragilisée ces dernières années et elle n’ira pas en s’améliorant. La centrale de Belledune est extrêmement polluante. Il serait néanmoins irresponsable de la fermer dans six ans.
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