L’usage de technologies dans le sport est désormais courant. La révolution technologique est visible partout, de l’usage de la montre connectée au perfectionnement de la lutte anti-dopage, les données ou ce qu’on appelle la data ne se retrouvent pas que chez les sportifs. Elles peuvent également servir à améliorer le suivi des staffs ou des structures sportives de haut niveau. Quels effets peut-on attendre de ces technologies sur l’univers sportif ?
Pour la première fois de l’histoire, durant des Jeux Olympiques, les athlètes seront suivis, tracés voire téléguidés et leurs performances analysées par des logiciels de pointe. L’essor de l’intelligence artificielle est, elle aussi, cruciale dans l’entraînement des sportifs, la réalité virtuelle peut-elle servir de terrain d’entraînement ?
Construire un modèle de données exige tout de même de respecter des règles, comment user de ces technologies en restant conforme au RGPD ? Trouvez-vous la présence des nouveautés fascinante ou terrifiante ? Quelles sont selon vous, les limites et les biais inhérents à ces récoltes de données ?
On en parle ce soir avec :
Caroline Martin, Maîtresse de conférence STAPS Université Rennes 2 et Consultante scientifique auprès de joueurs de tennis haut niveau.
Arnaud Josserand, Ancien athlète entraîneur français de volley-ball.
Adrien Sedeaud, Directeur adjoint des recherches et chercheur à l’INSEP. Auteur de « Gagner avec les données (comment les mettre au service du sport de haut niveau) » (2024, INSEP Editions)
Robinson, auditeur, témoigne « Je suis utilisateur de Strava depuis quelques années. Cette application enregistre toutes nos données : temps, vitesse, vitesse moyenne, distance… Cela a donné une autre dimension à ma pratique sportive. On peut se comparer entre amis en plus du plaisir de rouler ou de courir. On peut aussi planifier des séances. »
Interception
47 min
Les données, le nerf de la guerre
Comment la collecte et la transmission de ces données changent-t-elles la pratique du sport des amateurs, et des sportifs ? Arnaud Josserand, ancien athlète entraîneur français de volley-ball, mesure tous les apports possibles : « Tout un champ venu du sport de haut niveau, comme la quantification des charges d’entraînement, permet de mieux se préparer et de mieux individualiser. » Le directeur adjoint des recherches et chercheur à l’INSEP Adrien Sedeaud confirme. Les données sont partout : « Dès la détection des futurs champions, on capte des informations sur de jeunes licenciés, leur niveau de pratique délibérée (c’est-à-dire en dehors du sport pour lequel ils viennent pratiquer dans un club), si leurs parents sont sportifs, ou l’ont été, le nombre d’heures de sport par semaine. Ensuite, on enrichit ces trajectoires individuelles de performance d’éléments sociologiques, psychologiques, environnementaux… On peut estimer l’état de forme d’un individu en fonction de la qualité de son sommeil, la couleur de ses urines… »
Des capteurs pour affiner les stratégies
Comment l’utilisation des données permet d’améliorer les performances ? Caroline Martin est maître de conférence STAPS Université Rennes 2 et consultante scientifique auprès de joueurs de tennis de haut niveau. Elle explique comment cela se passe : « pour travailler avec des joueurs de tennis, on a un gymnase équipé de caméras opto-électroniques, qui vont capturer des points anatomiques placés via des marqueurs sur le corps des athlètes et sur leur raquette. On peut alors reconstruire le squelette du joueur en 3D à partir de la position de ces points. Grâce au traitement des informations, on peut calculer des vitesses, des accélérations, des angles… Et faire des simulations à partir des marqueurs sur les têtes de raquette. Nous avons été contactés par l’entraîneur de Daniil Medvedev, le joueur qui a été numéro un mondial. Il hésitait entre plusieurs options de jeux. Et après une analyse des données collectées chez nous à Rennes, il a pu faire un choix d’orientation technique et de modification gestuelle. »
Des applications multiples, mais…
Grand bien vous fasse !
53 min
Les données permettent « d’économiser » les sportifs. Arnaud Josserand explique qu’en équipe de France, il travaillait avec les GPS. « Ils nous donnaient le nombre de sauts effectués par un joueur pendant un entraînement. Or plus on arrive proche de la compétition, plus il faut réduire ce nombre de sauts. Donc, avec le contrôle des données, on pouvait aller voir l’entraîneur et lui demander de calmer le jeu. » Mais si les données d’un sportif sont moyennes, l’écarte-t-on ? Arnaud Josserand : « Non, si on a une équipe qui marche bien, on la garde. » Adrien Sedeaud précise : « les données sont un outil en plus dans la boîte à outils des staffs, des aides à la réflexion pour une prise de décision. Pas l’outil de la décision. »
La suite est à écouter…
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.