DECES DE BABA DIAO, UNE PAGE DU PETROLE SENEGALAIS S’EN VA

Baba Diao est décédé ce mercredi 3 juillet, à Dakar. Un homme d’affaires discret, liquide comme le pétrole est parti. Le patron de Itoc aura au moins été témoin du premier baril du Sénégal. Retour sur un pan de la vie d’un capitaine d’industrie.   

C’est une page de l’histoire du pétrole sénégalais qui se ferme. A 86 ans, reconnaissable avec ses cheveux en afro, le brillant ingénieur, diplômé de Centrale et titulaire de plusieurs diplômes, y compris d’un diplôme de l’Institut français du pétrole. Son ami Jean Michel Seck, dans une contribution parue dans le journal Le Quotidien, le décrivait comme un «bâtisseur». «Il écrit les textes régissant Petrosen, pratiquement les mêmes jusqu’à présent qui, du reste, orientent l’exploitation pétrolière au Sénégal. Notre pays lui doit une bonne partie des textes qui régissent et encadrent la recherche et l’exploration pétrolières, il a beaucoup participé à la rédaction de ces textes et a donné son avis d’ingénieur. Il est pratiquement l’un des tout premiers ingénieurs dans le domaine du pétrole», avait-il ajouté.

Un homme «Centrale» dans le pétrole sénégalais

Abdoulaye Diao à l’état civil, c’est ce jeune dont le Président Léopold Sédar Senghor avait reconnu le «génie» et avait demandé, à l’issue d’une cérémonie de remise des prix, qu’une bourse d’études supérieures lui soit octroyée. Une bourse d’excellence parce que l’élève Diao était au-dessus du lot. Il a suivi à Paris, les cours des Classes préparatoires d’entrée aux Grandes écoles dans le célèbre lycée Louis-le-Grand, et il a intégré l’Ecole centrale de Paris. N’y accède pas qui veut ! Il en sort outillé comme jamais. Homme d’affaires parmi les plus prospères et les plus effacés du pays, il est Pdg d’International trading oil and commodities (Itoc). Itoc était devenu son nom. Baba Diao Itoc. En 2016, il est classé parmi les grosses fortunes en Afrique francophone par le Magazine Forbes Africa. Il est dans le trio de tête chez les Sénégalais avec Yérim Sow de Teliyum et Serigne Mboup de Ccbm. Il pesait 150 milliards de FCFA. Issu d’une famille démunie, Baba Diao deviendra liquide comme le pétrole. Il y a quelques années Itoc pesait plus de 200 milliards FCFA en moyenne de chiffre d’affaires par an.En 2012, comme Diagna Ndiaye, il accepte d’être ministre conseiller du Président Macky Sall.Mais pas que ! C’est un homme qui sent l’or noir. Qui est aux côtés d’un ingénieur, ancien Dg de Petrosen.

La seule fois où il est sorti de ses gonds  

Abdoulaye Diao, selon Jeune Afrique, en 2016, n’a jamais fait de sortie médiatique en «quelque trente ans de négoce de pétrole et de produits finis». Mais l’homme n’avait pas supporté la sortie d’Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre de Macky Sall, qui, dans une lettre, s’en prenait à Aliou Sall. Le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) avait interpellé le Président Sall sur des «peu orthodoxes» qui existeraient entre son jeune frère et certains majors intervenant dans l’amont pétrolier au Sénégal. Mais le premier conseiller technique dans le cabinet de Cheikh Hamidou Kane de L’Aventure ambiguë, alors ministre chargé de l’Énergie et des hydrocarbures n’est pas de ceux qui adorent le bruit. C’est qu’il avait estimé que Abdoul Mbaye le visait personnellement, lui le conseiller en Energie du chef de l’Etat.

Moussa Diao pour la relève

Cette grande personnalité du monde des affaires qui comptait  beaucoup de relations chez les hommes politiques, religieux, journalistes, banquiers était très respecté. L’homme doué dans le négoce pétrolier est aussi un fin négociateur dans les relations politiques. Même si avec Moustapha Niasse, c’était une relation d’affaires, en tant qu’anciens associés. Il a tout de même réconcilié Idrissa Seck et Talla Sylla, deux anciens maires de Thiès, qui étaient venus lui présenter leurs condoléances lors du rappel à Dieu de sa maman. Mais c’est parce qu’aussi l’homme est né à Thiès. «Baba», comme on le surnommait, était témoin de la découverte du pétrole en 2014 dans le sous-sol maritime. Il aura peut-être souri avant de partir en entendant le premier baril de pétrole sénégalais. Son fils, Moussa Diao, avait déjà pris la relève.


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