Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) prévient que la pénurie de fonds intervient alors que le flux des déplacements forcés en RDC ne faiblit pas.
En moins de trois mois, le nombre de Congolais ayant fui l’est du pays vers les États voisins, en raison de l’offensive du groupe armé du M23, a dépassé les 100.000 réfugiés.
Pendant ce temps, les rebelles, soutenus par le Rwanda, continuent leur progression contre les troupes du gouvernement de Kinshasa. Après Goma et Bukavu, les deux principales métropoles des provinces du Nord- et du Sud-Kivu, le M23 s’est emparé mercredi de Walikale, une ville du Nord-Kivu située à la jonction de deux axes routiers entre Goma et Bukavu.
Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, compte plus de 2 millions d’habitants, dont au moins 500.000 déplacés.
Les jeunes fuient pour ne pas être enrôlés de force
Selon le HCR, les hostilités en cours dans les territoires de Masisi et de Walikale, au Nord-Kivu, et la situation sécuritaire extrêmement instable à Bukavu et dans les zones environnantes, au Sud-Kivu voisin, ont forcé des centaines de milliers de civils à fuir.
Lors d’un point de presse à New York, vendredi, le porte-parole adjoint du Secrétaire général, Farhan Haq, a précisé que les combats dans le territoire de Walikale avaient endommagé la base logistique d’un partenaire humanitaire de l’ONU, ainsi que plusieurs infrastructures civiles.
« Aux côtés des organisations humanitaires présentes dans la région, nous avons transféré du personnel à Kisangani, dans la province voisine de la Tshopo », a-t-il précisé.
Dans et autour de la ville de Goma, les sites qui abritaient 400.000 déplacés internes ont tous été détruits, laissant les familles sans abri ni protection. « En raison des réductions de financement, les partenaires humanitaires ont du mal à reconstruire les abris, laissant les personnes déplacées avec peu d’options pour survivre », a indiqué lors d’un point de presse à Genève Eujin Byun, un porte-parole du HCR, qui est basée dans la ville suisse.
Depuis janvier, plus de 40.000 personnes déplacées en provenance du Nord- et du Sud-Kivu sont arrivées à Kalemie, dans la province voisine du Tanganyika, après avoir traversé 700 kilomètres, y compris de multiples zones de conflit et des cours d’eau.
Parmi eux, de nombreux jeunes ont pris la route pour éviter d’être enrôlés de force dans des groupes armés. Il y aussi de nombreuses femmes et des enfants séparés de leurs familles dans le chaos des déplacements.
« Les dangers du voyage ont conduit à de multiples tragédies lorsque des bateaux surchargés et fragiles, souvent le seul moyen de traverser de vastes étendues d’eau, chavirent », a précisé Mme Byun.
Lors du point de presse à New York, le porte-parole adjoint du Secrétaire général a également rapporté que des combats se poursuivaient dans une autre province de l’est, l’Ituri, où des groupes armés autres que le M23 se livrent à des attaques.
Selon M. Haq, des affrontements, jeudi, dans la ville de Fataki ont entraîné des déplacements de population.
Cas de choléra parmi les réfugiés au Burundi
Selon la porte-parole, la situation dans les pays voisins, l’Ouganda et le Burundi, est presque aussi « désastreuse ».
Plus de 28.000 réfugiés congolais sont entrés en Ouganda depuis janvier, soit une augmentation de 500 % par rapport à la même période l’année dernière.
L’agence onusienne anticipe 10.000 nouveaux réfugiés supplémentaires d’ici la fin du mois. « Les rapports des nouveaux arrivants indiquent qu’ils fuient désespérément les combats et les horribles violations des droits de l’homme », a indiqué Mme Byun.
Dans la commune de Rugombo, au Burundi, qui accueille la majorité des 68.000 réfugiés arrivés dans le pays depuis février, l’insuffisance des installations sanitaires et la surpopulation à l’intérieur et autour du stade local transformé en camp de fortune, ainsi que les soins de santé limités, ont entraîné au moins huit cas présumés de choléra.

Le Programme alimentaire mondial fournit des repas chauds aux réfugiés fuyant l’est de la RD du Congo vers le Burundi.
Malnutrition infantile
« En l’absence de financement supplémentaire pour renforcer les services de santé, il existe un risque important de propagation de la maladie », a averti Mme Byun.
La crise financière persistante a également entraîné des pénuries alimentaires pour les nouveaux arrivants. Les services destinés aux réfugiés ayant des besoins de protection supplémentaires sont également mis à rude épreuve, notamment pour plus de 400 enfants non accompagnés et pour les victimes de violences sexuelles.
En Ouganda, la plupart des centres de transit accueillent actuellement sept fois plus de personnes que leur capacité ne le permet. Ils manquent également d’eau, d’installations sanitaires et d’abris.
« Les coupes budgétaires ont laissé les centres de santé débordés, et la malnutrition infantile a grimpé en flèche en raison de la fermeture des centres d’alimentation dans les zones d’accueil », a déploré la porte-parole.
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