Une usine majeure de production d’eau s’est subitement retrouvée à l’arrêt après un vol de matériel alors que le secteur est en pleine période de mouvement social.
Près d’un Guadeloupéen sur trois est privé d’eau potable en raison d’actes de sabotage «injustifiables et irresponsables» sur fond de grève au sein du syndicat mixte assurant la distribution de l’eau, a dénoncé mercredi la préfecture de Guadeloupe. Alors que des actes de malveillance avaient déjà été constatés sur le réseau et dans les usines du syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), «un cap a été franchi» avec un sabotage «privant de manière injustifiable et irresponsable» plusieurs communes d’eau, écrit la préfecture dans un communiqué.
Le préfet «condamne fermement ces actes qui privent d’eau potable un habitant sur deux en Guadeloupe», précise le communiqué, ajoutant que ces actes «mettent en péril la santé de la population» et réclamant des poursuites judiciaires. La préfecture a indiqué à l’AFP que 112.000 personnes étaient concernées à l’heure actuelle par ces coupures d’eau (186.000 personnes, soit un habitant sur deux, avant les premières réparations).
Selon une source au sein du SMGEAG, qui a souhaité garder l’anonymat, un vol de matériel sur un site de pompage à Morne-à-l’Eau (Grande-Terre) a entraîné l’arrêt d’une usine majeure de production d’eau. «Les sites en redémarrage doivent subir un lavage de filtre, ce qui rallonge les délais de remise en production», a expliqué cet interlocuteur à l’AFP. La préfecture de l’archipel antillais a indiqué avoir activé le centre opérationnel départemental pour «gérer la crise et garantir la continuité du service public». Treize communes sont privées d’eau sur l’ensemble du territoire, selon la même source.
Difficultés financières
La régie publique des eaux de la Guadeloupe subit depuis fin janvier une grève de certains agents pour des revendications portant sur leur complémentaire santé et leur prévoyance. Lundi, le président du syndicat, Ferdy Louisy, a annoncé à l’AFP avoir déposé plusieurs plaintes contre X pour des «exactions». «Des forages ont été mis à l’arrêt (…), des vannes fermées sur des réservoirs», a-t-il notamment développé.
Depuis sa création par la loi en 2021, le SMGEAG est en difficultés financières et touché par des mouvements sociaux. S’y ajoute depuis peu, une crise de gouvernance interne : en octobre 2024, son président de l’époque avait démissionné, rejoint il y a quelques jours par son directeur général. En mars 2024, des sabotages avaient déjà privé 130.000 foyers d’eau durant plusieurs jours en marge d’une grève.
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