Des bateaux de pêche en vitrine à Shippagan

À la veille du début de la saison de pêche, fidèle à ses habitudes, Kevin Mallet dessine et peint des bateaux sur les vitrines de quelques commerçants à Shippagan.

Il est lui-même très familier avec la pêche, étant homme de pont sur un homardier. Le pêcheur originaire de Shippagan a toujours aimé dessiner.

«J’ai tout le temps été là-dedans. À l’école, ça m’a même amené des petits problèmes, se rappelle-t-il. Des fois, je dessinais plus que je travaillais…»

Il n’a jamais suivi de formation particulière.

«J’ai déjà essayé de suivre un cours en animation 2D ou 3D, mais c’était trop technologique pour moi. Je n’ai pas continué là-dedans.»

Cela fait plus de 20 ans qu’il dessine dans les vitrines, mais ce n’est que depuis quatre ans qu’il peint des bateaux sur les façades de quelques commerces dans sa ville natale. Ses principaux clients sont les épiceries Indépendant et LeBreton, ainsi qu’Entreprises Shippagan.

«Au début, j’avais peut-être 20 bateaux au total à dessiner dans tous les magasins. Maintenant, seulement à l’Indépendant, je suis rendu à 33 bateaux.»

Parmi les crabiers et les homardiers dessinés sur les vitrines de la façade de ce magasin, l’on peut apercevoir le pont de Shippagan-Lamèque dans le décor. «Ça c’est une demande. Sinon, je me le fais dire par les clients, assure-t-il. Il y a une année où je ne l’ai pas fait et j’ai été obligé de revenir dessiner le pont!»

De nouveaux navires s’ajoutent d’année en année. Kevin Mallet se fait approcher par des capitaines qui souhaitent voir leur bateau dessiné. Ces derniers lui envoient des photos et le processus se met en branle.

Le travail comme tel n’est pas une mince tâche à accomplir. Cela demande beaucoup de minutie et d’engagement.

Lorsque l’artisan entame son travail à l’Indépendant, les six grandes vitrines du magasin sont comme une grande page blanche. Il doit penser à la façon dont il va disposer la trentaine de bateaux à dessiner.

«Tu as beaucoup de détails. C’est comme un gros casse-tête», dit-il.

Difficile de calculer le temps accordé à chaque dessin. «Ça dépend. Une trentaine de bateaux comme ça, si je commence à 8h le matin jusqu’à 9h le soir, l’année passée, ça m’a pris une semaine et demie à deux semaines pour faire les six vitrines complètes.»

L’artisan dessine d’abord au crayon à partir de la photo du bateau. «C’est comme si je les dessinais deux fois. En les faisant au crayon, j’ai déjà une idée où les lignes vont aller dans la vitre. Tu vois plus les détails au crayon que sur la photo même.»

À l’Indépendant, l’une des vitrines est consacrée aux deux brise-glaces qui viennent chaque année dans la région au printemps, soit l’aéroglisseur et le sir William Alexander de la Garde côtière canadienne. Ce dernier devrait d’ailleurs être bientôt dans les parages.

Habituellement, le pêcheur entreprend le dessin des bateaux au début du mois d’avril. Cette année, il a commencé en janvier. «J’avais deux fois plus de bateaux à dessiner que normalement», lance-t-il.

«J’aime ça, exprime le principal intéressé. Plus je les fais, plus c’est l’fun.»

Tous ses bateaux sont actuellement terminés à l’épicerie Indépendant.

D’autres bateaux à dessiner

Les bateaux dessinés par Kevin Mallet vus d’un autre angle. – Acadie Nouvelle: Mario Tardif

D’autres dessins de bateaux sont à venir. L’autodidacte a déjà commencé à en tracer à l’épicerie LeBreton et à Entreprises Shippagan. Dans le dernier cas, la commande sera plus grande cette année. «Ils ont décidé de grossir et de faire les six vitres», explique le dessinateur.

«Ce sont tous des bateaux différents, indique Kevin Mallet. L’année passée, j’avais fait 81 bateaux. Cette année, je vise au dessus de 100 en tout et partout.»

Ses dessins pourront aussi être aperçus chez quelques autres commerçants locaux au cours de l’année.

Plus tard à l’été, le dessinateur reviendra changer le décor de la vitrine centrale du magasin Indépendant, celle avec les brise-glaces, afin de la préparer pour le Festival des pêches et de l’aquaculture du Nouveau-Brunswick. Il en profitera pour dessiner quelques manèges du cirque Campbell qui est présent durant les festivités.

Quelques semaines plus tard, il changera à nouveau cette vitrine pour lui donner les couleurs de l’Acadie en vue de la fête du 15 août.

Son travail lui permet de rencontrer des touristes. «Je me fais souvent poser des questions», dit-il.

Tous ses bateaux demeureront dans les vitrines pour l’été. Vers septembre, ils disparaîtront. C’est un moment qu’il n’apprécie pas particulièrement, après avoir consacré tant de temps à la création de ses œuvres.

À l’automne, les six vitrines de l’Indépendant seront ainsi libérées pour les festivités de l’Halloween, le Jour du souvenir et le temps des fêtes. L’artisan préparera d’autres dessins en fonction de ces événements.

Kevin Mallet est père d’un jeune garçon de 8 ans qui aime bien peindre les dessins de papa. «Pour lui, c’est un gros livre à colorier», fait-il remarquer.

«Je ne veux pas le forcer. Si je dessine, il va venir s’installer à la table. À l’école, il dessine beaucoup aussi. Sur ce point-là, j’espère qu’il ne pogne pas trop mon habitude à l’école», dit-il en riant.

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