Des citoyens de Grand-Sault se battent pour protéger un ruisseau

Des résidents de la région de Grand-Sault sont inquiets du développement potentiel d’un projet visant à installer un système d’irrigation permettant à un producteur de pommes de terre des environs d’approvisionner ses champs en eau.

Le mois dernier, quelques personnes vivant le long du chemin Gillespie ont reçu une lettre de la part de Pommes de terre NB les informant que l’organisme avait soumis une demande au ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux du Nouveau-Brunswick pour permettre à la ferme Lakeside Produce de profiter de ce projet.

Selon la lettre adressée aux résidents, écrite en anglais seulement, on explique que l’objectif est de fournir à la ferme un approvisionnement plus constant en eau, étant donné que celle-ci a été affligée par des périodes de sécheresse au cours de deux des six dernières années, causant un faible rendement des récoltes de pommes de terre.

Le système proposé inclut l’installation d’un mécanisme de captage et de stockage de l’eau en pompant temporairement de l’eau du ruisseau Gillespie, un cours d’eau qui s’écoule dans les environs.

Dans une étude réalisée par la firme Dillon Consulting, il est indiqué que le système aura une capacité de pompage de 432 mètres cubes d’eau par jour.

Le projet est en cours d’évaluation pour ses impacts potentiels sur la faune, la flore, ainsi que sur la qualité de l’eau.

Murielle Losier Michaud est l’une des personnes qui pourraient être affectées par le projet. Selon elle, il est impensable de le réaliser sans menacer le ruisseau qui passe à côté de sa propriété.

«On nous parle d’une pompe d’une grande force qui pourrait aspirer l’eau du ruisseau pour être mis dans un gros contenant. Elle sera placée l’autre bord du chemin, très proche de nous.»

Les résidents des environs craignent également de perdre une certaine qualité de vie

«Nous sommes, mon mari et moi, des personnes âgées qui vivent sur le chemin Gillespie depuis de nombreuses années. Nous apprécions et profitons de la tranquillité de la nature, nous aimons la protéger, car elle nous apporte beaucoup physiquement et psychologiquement», a écrit Mme Losier Michaud dans une lettre adressée à Pommes de terre NB.

Dans son rapport, Dillon Consulting en est venu à la conclusion qu’il n’y aura aucune interaction entre les activités du projet et l’environnement atmosphérique et acoustique, les ressources en eaux souterraines, l’environnement socio-économique, le patrimoine et l’utilisation traditionnelle des terres et des ressources.

La firme a aussi conclu que le projet aurait peu d’impacts négatifs sur des éléments comme l’eau de surface, les poissons et leur habitat, les zones humides, la végétation environnante, la faune, ainsi que les terres agricoles et le bétail.

Les habitants du voisinage sont loin d’être convaincus. Selon eux, l’évaluation de Dillon Consulting utilise de beaux mots pour décrire une situation qui peut être potentiellement risquée.

«En lisant ça, c’est comme s’ils nous disaient qu’ils nous faisaient une faveur en pompant l’eau qui n’est bonne à rien d’autre que pour arroser les champs de patates», a déploré Raymond Michaud.

Ils estiment qu’il y a un grand risque d’assèchement du ruisseau de diminution de la population de poissons.

«Ils disent qu’ils vont mettre un écran pour protéger les poissons, mais on n’est pas fou. Avec la force qu’ils vont pomper, les poissons ne reviendront plus», mentionne Murielle Losier Michaud.

Comme beaucoup de gens des environs utilisent le cours d’eau pour des activités comme la pêche, un nombre plus important que les quelques personnes ayant reçu une lettre de Pommes de terre NB pourrait être affecté.

Cependant, peu de gens des environs, outre les voisins immédiats de l’emplacement envisagé pour le système d’irrigation, ont été informés de la situation.

«Il y a beaucoup de gens des environs qui viennent utiliser le ruisseau. Il n’y a déjà pas beaucoup d’eau dedans l’été, alors qu’est-ce qui va se passer si on commence à retirer de l’eau?», s’interroge Mme Losier Michaud.

Elle dit avoir envoyé des lettres à divers endroits, dont au député local Chuck Chiasson, afin d’obtenir des réponses. Un lien vers le rapport préparé par la firme Dillon Consulting a été envoyé aux résidents. Il n’est toutefois disponible qu’en anglais.

«Je comprends l’anglais, mais lorsque l’on tombe dans des termes plus scientifiques, j’aurais aimé pouvoir le lire en français. Je n’ai pas reçu de lettre d’avis en français et pour l’étude, on m’a dit de m’adresser à la province.»

«Ça semble être un gros projet et je me demande où est le raisonnement derrière tout ça. On n’a aucun respect pour la nature et j’ai l’impression que si ça n’avait pas été une année d’élections, ça se serait passé autrement», a mentionné Murielle Losier Michaud.

Pour Alisson Michaud, les gens responsables de préparer l’étude ne semblent même pas avoir pris en compte qu’il y avait des résidents dans les environs.

«Il y avait une carte dans l’étude et nos maisons ne sont même pas sur la carte. Il y a des bâtiments qui figurent sur la map et qui ont été bâtis longtemps après ma maison.»

«Ça donne l’impression qu’il n’y a pas de maisons là pour qu’ils puissent avoir un permis», a poursuivi Raymond Michaud.

Les résidents du coin déplorent également le fait de ne pas avoir pu parler à un responsable du projet en personne.

Selon la lettre, les personnes concernées ont jusqu’au 15 mai pour faire part de leurs opinions ou poser des questions.

«Personne n’est venu sur place nous parler. On ne nous a rien expliqué. La lettre que l’on a reçue est datée du 5 avril, mais on l’a seulement eu le 15. On n’avait pas reçu d’étude ni rien de tout ça», a raconté Alisson Michaud.

«Il me semble que pour un projet de cette ampleur, on aurait dû avoir une réunion pour consulter les gens du voisinage», a ajouté Murielle Losier Michaud.

Une porte-parole du ministère de l’Environnement et des Changements climatiques a confirmé que le projet est examiné par un comité de révision technique composé d’experts en la matière.

Elle a ajouté que le promoteur du projet a entamé les activités de consultation publique, alors que les questions et préoccupations soulevées par le comité d’examen technique, le public et les Premières Nations au cours de ce processus devront être traitées par le promoteur et soumises au ministère pour examen.

Selon le ministère, aucune décision ne sera prise tant que toutes les questions techniques pertinentes n’auront pas été traitées.

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