Des commerçants près du Nouveau-Brunswick crient à l’aide

Des propriétaires gaspésiens de stations-service situées à proximité de la frontière avec le Nouveau-Brunswick réclament de l’aide du gouvernement Legault.

Depuis le début du mois d’avril, les consommateurs paient leur essence moins cher partout au pays à l’exception du Québec. Cette baisse du prix à la pompe est attribuable au retrait, par Ottawa, de la taxe sur le carbone. Or, aucune diminution ne s’est concrétisée au Québec, seule province à avoir maintenu son système de tarification.

L’essence coûtait près de 1,42 $ le litre lors du passage de Radio-Canada à Campbellton, mercredi.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

L’écart entre le prix du litre d’essence de part et d’autre du pont J.C Van Horne, qui relie la municipalité québécoise de Pointe-à-la-Croix à Campbellton au Nouveau-Brunswick, touche de plein fouet un commerçant québécois.

Au lendemain de l’application de la nouvelle règle, le copropriétaire du Ultramar de Pointe-à-la-Croix, Jean-François Landry, vendait son essence 14 cents de plus le litre que son plus proche compétiteur, situé à un jet de pierre, de l’autre côté du pont.

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Jean-François Landry ne comprend pas l’absence d’aide de la part du gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

Ses ventes d’essence ont en conséquence, selon ses calculs, chuté d’environ 70 % au cours des derniers jours .C’est extrême, 70 %!, souligne M. Landry. C’est comme si je t’enlevais 70 % de ton salaire. C’est ce que le gouvernement nous fait, résume le commerçant.

On vit comme un abandon du gouvernement, surtout du côté frontalier, qui est vraiment touché. C’est sûr que c’est comme si le gouvernement nous avait oubliés.

Une citation de Jean-François Landry, copropriétaire du Ultramar de Pointe-à-la-Croix

Le copropriétaire du garage Restigouche de Matapédia, André Mill, est confronté à la même réalité. Il observe lui aussi une chute drastique de ses ventes d’essence. À son avis, la diminution de l’achalandage est aussi perceptible dans les autres commerces des environs.

André Mill, photographié devant les pompes à essence de son commerce de Matapédia

André Mill, photographié devant les pompes à essence de son commerce de Matapédia

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

Sans appréhender la fermeture de son garage, M. Mill craint toutefois les conséquences sur son équipe, puisque 6 de ses 20 employés dépendent directement du poste d’essence. Il va y avoir des impacts de ce côté-là, craint-il.

Ça n’a pas de bon sens. On l’a vu venir, on pensait qu’il y avait un plan en place pour nous autres, mais apparemment qu’il n’y a rien.

Une citation de André Mill, copropriétaire du garage Restigouche de Matapédia

À Escuminac, le copropriétaire de la station-service L. S, Alexandre Ferguson, craint de devoir éventuellement mettre la clé sous la porte. Celui qui constate une diminution de la moitié de ses ventes de carburant n’hésite pas à parler de concurrence déloyale.

C’est sûr qu’on ne pourra pas [survivre] longtemps.

Une citation de Alexandre Ferguson, copropriétaire de la station-service L. S d’Escuminac

Le Gaspésien précise que sa station-service roule quasiment à perte depuis quelques jours.

Des mesures revendiquées

Pour Alexandre Ferguson, il est nécessaire que les commerçants à proximité des frontières puissent offrir des prix concurrentiels. Le maire de Pointe-à-la-Croix, Pascal Bujold, abonde dans le même sens. L’élu espère que des solutions rapides seront apportées puisqu’il juge l’écart de prix actuel absolument ridicule.

Le maire de Pointe-à-la-Croix, Pascal Bujold.

Le maire de Pointe-à-la-Croix, Pascal Bujold, croit que les commerçants qui vendent de l’essence ne seront pas les seuls à faire les frais de la situation actuelle.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

En plus de nuire à certains commerçants, il estime que la situation pourrait avoir des effets négatifs à long terme sur la venue des touristes en région cet été. L’élu craint en effet que les visiteurs de l’extérieur optent plutôt pour l’Ontario ou les provinces de l’Atlantique.

Le professeur à HEC Montréal et titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie, Pierre-Olivier Pineau, croit que le gouvernement provincial doit maintenir sa tarification du carbone.

Un homme qui porte des lunettes parle.

Pour Pierre-Olivier Pineau, la tarification du carbone constitue un bon moyen de diminuer la consommation de carburant. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Or, il reconnaît cependant que la différence de coûts génère des frictions aux frontières et que certaines mesures pourraient être mises de l’avant. Il cite en exemple un crédit de tarification du carbone qui pourrait être accordé aux stations-service situées près des lignes frontalières.

Il faut être créatif si le gouvernement veut maintenir sa tarification du carbone. […] Il faut trouver des accommodements pour que les commerces québécois ne soient pas désavantagés, croit le professeur.

Des actions après les élections fédérales

Sollicitée en ce sens, la députée caquiste de la circonscription de Bonaventure n’a pas souhaité accorder d’entrevue à Radio-Canada. Elle assure néanmoins que la réalité des commerçants touchés dans la MRC Avignon est prise au sérieux par Québec.

L'élue en en discussion avec des journalistes.

La députée de Bonaventure, Catherine Blouin (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

C’est un dossier qui génère beaucoup de discussions avec mes collègues.

Une citation de Catherine Blouin, députée de Bonaventure

Dans une déclaration écrite acheminée à Radio-Canada, Catherine Blouin précise que son gouvernement a décidé d’attendre le résultat de l’élection fédérale, qui se tiendra le 28 avril, avant de prendre position. La députée indique qu’elle suivra néanmoins la situation de près.

Avec les informations de Jean-François Deschênes

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