Des dizaines de banques européennes soupçonnées d’avoir une influence sur les tensions au Soudan du Sud

Soixante banques, compagnies d’assurances et sociétés d’investissement européennes ont financé directement ou indirectement deux groupes pétroliers internationaux mis en cause dans des violences au Soudan du Sud, accuse l’organisation non gouvernementale Global Witness, spécialisée dans l’impact de l’exploitation des ressources naturelles sur l’environnement et les droits humains.

Parmi les noms pointés du doigt dans le rapport publié mardi 14 novembre figurent ceux des groupes allemands Deutsche Bank et Allianz, de l’italien Intesa Sanpaolo, des néerlandais Aegon et ING, et des français BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole, Crédit mutuel CIC et Société générale.

L’ONG a recensé plus de 700 millions d’euros de participations directes ou indirectes des institutions financières européennes mises en cause dans le groupe pétrolier chinois CNPC (China National Petroleum Company), du malaisien Petronas ou de leurs filiales cotées, ainsi que 4 milliards d’euros de prêts et de commissions perçues lors d’émissions obligataires des deux compagnies.

Financement de l’achat d’armes

Or, Global Witness accuse les deux groupes de favoriser les violences intermittentes au Soudan du Sud, indépendant depuis 2011 et en proie, depuis 2013, à une guerre civile qui a entraîné, selon les Nations unies, la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes et le déplacement d’environ 4 millions d’habitants.

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Petronas est actionnaire des trois grands producteurs de pétrole brut du Soudan du Sud, Dar Petroleum Operating Company (DPOC), Greater Pioneer Operating Company (GPOC) et Sudd Petroleum Operating Company. Si le pétrolier malaisien a annoncé, en décembre 2022, la vente de ses participations au britannique Savannah Energy, cette cession n’est toujours pas effective et le chinois CNPC figure au capital de DPOC et GPOC. Or, les trois compagnies pétrolières du Soudan, sont inscrites depuis 2018 sur la liste des entités que les Etats-Unis jugent susceptibles de constituer une menace pour la sécurité nationale.

A l’époque, le département du commerce américain avait conclu que ces sociétés représentaient « une source importante de revenus (…) pour financer l’achat d’armes et d’autres matériels qui nuisent à la paix, la sécurité et la stabilité » au Soudan du Sud.

Faire pression sur les responsables européens

Global Witness espère que les groupes financiers cités pourront « changer la manière dont elles font des affaires », mais entend aussi faire pression sur les responsables politiques européens qui débattent de l’inclusion du secteur financier dans le champ d’application de la directive CSDD sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité.

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