Une table ronde s’est tenue le jeudi 20 mars 2025 à la Maison de la Presse de Bamako. L’initiative de la Fédération Nationale des Collectifs et Organisations Féminines du Mali (FENACOF), soutenue par l’ONG Journalistes pour les Droits Humains (JDH), a réuni des associations féminines, le coordinateur de JDH, le responsable du One Stop Center GMS-Bamako, des autorités coutumières et des experts de la lutte contre les violences conjugales. Le thème était : « Accès à la justice des survivantes de violences conjugales au Mali. »
La présidente de la FENACOF, Kadidiatou Togola Sow, a ouvert les discussions en soulignant l’augmentation préoccupante des violences basées sur le genre, y compris les violences faites aux femmes. « De 2021 à 2023, 16 000 cas de violences basées sur le genre ont été déclarés. Parmi les formes les plus préoccupantes figurent les violences conjugales qui persistent depuis des années à cause de plusieurs facteurs et de l’inégalité qui contribuent à maintenir une société patriarcale dominée par les hommes », a-t-elle déclaré.
Mme Sow a ensuite insisté sur les difficultés rencontrées par les victimes : « La plupart des femmes issues des violences conjugales n’osent pas dénoncer les actes de violences soit par peur de représailles, par honte ou par méconnaissance de nos structures de prise en charge ou par difficulté d’accès aux soins. »
Fatoumata Siré Diakité, représentante du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a souligné l’importance de cette table ronde, affirmant que « la lutte contre les violences basées sur le genre est une priorité pour notre pays de façon générale et particulièrement pour le ministère à travers la création du programme national pour l’abandon de la violence basée sur le genre communément appelé VBG. »
Le Lieutenant-Colonel Assan Traoré, responsable du One Stop Center, a livré des statistiques alarmantes : « Malgré une panoplie de structures et d’ONG, la situation est préoccupante. Il y a 445 survivants chaque jour, soit 1333 cas par mois. Ces chiffres doivent interpeller tout le monde. »
Elle a identifié les causes de ces violences comme étant liées à la tradition, aux normes sociales, à la pauvreté, au manque d’éducation, à l’absence d’opportunités économiques et aux conflits. Elle a particulièrement insisté sur les causes économiques, soulignant que « 8 cas sur 10 des victimes ne sont pas autonomes financièrement. »
Le Lieutenant-Colonel Traoré a proposé le renforcement des lois et politiques nationales par leur application, l’amélioration de l’accès aux services de santé, la sensibilisation, ainsi qu’un soutien psychologique et social adéquat pour les survivantes, tout en assurant la protection des victimes et des accompagnateurs.
Les défis à relever pour améliorer l’accès à la justice ont été évoqués, notamment la stigmatisation et les tabous sociaux, la culture de la honte, le silence autour des violences, l’insuffisance des infrastructures, l’inadéquation et la faible application des lois, ainsi que la consommation de drogues.
Moro Diallo, le coordinateur de JDH, a rappelé le rôle fondamental de la presse et des médias pour informer, sensibiliser, mobiliser et soutenir l’engagement public contre les violences sexistes, assurant de l’engagement continu de son organisation sur cette question.
Cette table ronde a permis de mettre en lumière l’urgence d’intensifier les efforts pour garantir un accès effectif à la justice et une protection adéquate pour les survivantes de violences conjugales au Mali.
O.T
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