Des Malgaches en route pour la Coupe du monde de parkour en France

Sport encore méconnu à Madagascar, le parkour est une discipline rattachée à la gymnastique qui consiste pour le « traceur » – nom donné à l’athlète – à franchir avec rapidité et technicité une série d’obstacles naturels ou urbains tout en réalisant des figures. Les quatre meilleurs traceurs malgaches s’envoleront bientôt pour la Coupe du monde qui aura lieu en France, à Montpellier, du 10 au 12 mai prochain, à condition d’avoir les fonds nécessaires pour payer leur voyage.

De notre correspondante à Antananarivo,

Les yeux rivés sur ses athlètes, Faliniana Antonio Dahefa, l’entraîneur, surveille le placement de tous leurs membres. Une main qui dérape, un pied qui accroche, et la course de vitesse – speed-run dans le jargon – peut rapidement se finir par une chute douloureuse sur l’un des obstacles en granit.

« Il y a beaucoup de préjugés encore sur ce sport, parce que c’est considéré comme dangereux et très urbain. Et du coup, nous, notre objectif, c’est de casser un petit peu ces préjugés. Parce que c’est un sport qui est vraiment accessible à tout le monde, filles comme garçons et qui peut s’apprendre à tout âge. On est conscients que c’est notre rôle de donner de la valeur à ce sport. Et c’est encore tout un défi. »

Ambiance bienveillante

Humbles, solaires, décontractés aussi. Les quatre Traceurs Gasy, du nom de leur équipe (trois garçons, une fille) qui s’apprêtent à concourir à la Coupe du monde de parkour, s’entraînent cinq fois par semaine, au côté des débutants, dans une ambiance bienveillante.

Ce jour-là, l’entraînement a lieu dans l’un des jardins de la ville, mis à disposition par la mairie. Les traceurs et traceuses utilisent le mobilier urbain pour répéter leurs figures. « Comment tu as trouvé le webster à la fin [salto avec élan sur un seul pied, NDLR] ? Je n’étais pas trop bas ?  », demande l’athlète. « Le webster, ça a été », lui répond l’entraîneur.

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Salto avant, arrière, aerial twist 720, Toky Ranaivomanana, lunettes rondes vissées sur le nez, enchaîne les acrobaties au-dessus des pavés avec une facilité déconcertante. Le jeune homme de 21 ans a beau être champion de Madagascar en freestyle, les retours du coach sont essentiels à sa préparation. Celui qui est capable de sauter pieds joints, une hauteur d’1m60 sans élan, s’apprête à participer à sa seconde Coupe du monde. Il représentera la Grande Île dans les deux disciplines du concours : speed-run, et freestyle, sa favorite.

Faire briller l’Afrique

« Est-ce que c’est possible pour toi de faire un saut de chat à la place du saut tout simplement ? », demande le coach à Toky après sa démonstration. « Après le lasy [passage d’un obstacle les jambes d’abord, avec appui de la main sur l’obstacle, NDLR] tu veux dire ? – Oui, après le lasy, tu fais un costal [salto sur le côté, NDLR] pour atterrir sur l’autre obstacle. – Oui, je pense que je peux le faire… »

« Le jour J, c’est-à-dire pendant la compétition, j’espère bien faire tout ce qui est double vrille ou double costal, parce que ça peut me permettre d’obtenir de bonnes notes », souligne Toky Ranaivomanana qui poursuit : « Surtout, il faut que j’enchaîne très bien mes mouvements parce que ça compte aussi. Tout cet enchaînement, je l’ai, je le déciderai une fois sur place, à Montpellier, parce qu’on ne peut pas prévoir à l’avance les obstacles qui seront installés. »

Madagascar est l’un des rares pays du continent à présenter des athlètes. Avec sa participation, l’équipe malgache espère bien montrer son talent et faire « briller l’Afrique », dit-elle. Une participation encore conditionnée à la récolte de fonds : une cagnotte en ligne vient d’être lancée pour permettre aux Traceurs Gasy de vivre leur aventure.

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