Des manifestations éclatent en Nouvelle-Calédonie alors que la France modifie le système électoral de la colonie

À Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, le samedi 13 avril, deux manifestations rivales ont eu lieu, déclenchées par des modifications des listes électorales de la colonie du Pacifique qui sont en cours d’ adoption par le parlement français. Les manifestations ont fait suite à des semaines de troubles et de tensions croissantes, avec des manifestations impliquant des dizaines de milliers de personnes.

Les organisateurs ont affirmé que jusqu’à 58 000 manifestants indépendantistes et 35 000 manifestants pro-français ont pris part aux dernières manifestations, sous une surveillance de sécurité renforcée par des renforts de police français. S’ils sont exacts, ces chiffres représentent 34 % de la population de la Nouvelle-Calédonie, qui compte 270 000 habitants, et constituent les plus grands rassemblements de ce type depuis les conditions de guerre civile qui ont éclaté dans les années 1980.

Manifestation à Nouméa, Nouvelle-Calédonie [Photo: CCAT]

L’une des marches a été organisée par un comité de coordination indépendantiste (CCAT) proche de l’Union calédonienne (UC), qui fait partie du FLNKS, un parti indépendantiste qui prétend représenter les Kanaks autochtones. L’autre a été convoquée par deux partis de droite pro-français, le Rassemblement et Les Loyalistes.

L’amendement constitutionnel propose de modifier les règles d’éligibilité afin de permettre aux citoyens qui vivent sur le territoire depuis au moins 10 ans sans interruption de voter aux élections locales pour les assemblées provinciales et le Congrès local, ou le parlement.

Ce changement ouvrira la porte à environ 40 000 électeurs supplémentaires, ce qui fera pencher la balance en défaveur des Kanaks autochtones, car davantage de ressortissants français auront le droit de voter. En vertu de l’Accord de Nouméa de 1998, les élections locales de la Nouvelle-Calédonie ont restreint le droit de vote aux citoyens nés ou ayant résidé dans ce pays avant 1998.

L’accord a été négocié par le gouvernement du Parti socialiste à Paris comme un ‘compromis’ entre les factions indépendantistes et anti-indépendantistes. Tout en établissant un processus à long terme pour une série de référendums sur l’indépendance, les accords ont également accordé une influence limitée à une couche kanake privilégiée. Des fonds ont été consacrés à la construction d’une infrastructure kanak, à la formation de fonctionnaires et à l’établissement d’une base pour cette couche sociale dans l’industrie minière lucrative.

Aujourd’hui, dans des conditions d’intensification des conflits sociaux et de classe, les deux factions de l’élite dirigeante cherchent à exploiter les dernières mesures constitutionnelles pour canaliser la colère de classe dans différentes formes de nationalisme.

Les opposants affirment que la mesure pourrait faire des Kanaks autochtones une minorité sur leurs « propres » terres et dénoncent le processus comme imposé par Paris. Le président du Congrès, Roch Wamytan, a déclaré lors du rassemblement indépendantiste que l’État français « n’est plus impartial. Il a touché à un tabou et nous devons résister. Le dégel de cette liste électorale nous mène à la mort ».

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.