des ONG appellent à la libération d’une militante des droits humains

Le 17 mai 2024, alors que Gloria Sengha se trouve dans les rues de la commune de Barumbu de la ville de Kinshasa, elle est arrêtée et embarquée par des policiers et des hommes encagoulés, puis jetée avec deux autres personnes dans un véhicule sans plaque. Selon l’ACAT (Association des chrétiens contre la torture), sa famille est restée deux semaines sans nouvelles. Les raisons de son arrestation ne sont toujours pas claires – elle n’est officiellement pas reconnue comme arrêtée.

Refus de la critique

L’arrestation a eu lieu alors que Gloria Sengha et deux autres militants, Robert Bunda et Chadrack Tshadio, sortaient d’une réunion de Tolembi Pasi (« Nous en avons assez de souffrir » en lingala). Cette campagne a été initiée par des mouvements citoyens congolais pour un meilleur respect des droits humains dans le pays, et critique notamment le président en place Félix Tshisekedi.

Gloria Sengha est une figure connue du militantisme en République Démocratique du Congo. Ayant rejoint en 2016 le mouvement Lutte pour le changement (LUCHA), mouvement congolais pour défendre les droits humains, elle arrêtée à de multiples reprises entre 2016 et 2018. En 2017, elle fonde le mouvement Vigilance Citoyenne (VICI), pro-démocratie. En mai 2023, elle rejoint le parti d’opposition Envol, comme annoncé sur son compte X, où elle compte plus de 40 000 abonnés.

La visite de la mère de Gloria Sengha à sa fille dans les geôles de l’ANR (l’Agence nationale de renseignements de la RDC) le 3 juin 2024 a révélé un état physique préoccupant : celle-ci rapporte de multiples infections, démangeaisons et gonflements sur le corps de sa fille ainsi qu’une incapacité à marcher, selon un communiqué de l’OMCT (Organisation mondiale contre la torture). Le 13 juin, Gloria Sengha a entamé une grève de la faim pour réclamer sa libération.

Depuis son arrestation, des ONG comme l’ACAT, Human Rigths Watch ou la Fédération internationale pour les droits humains ont lancé des appels pour libérer les détenus et mener une enquête sur les mauvais traitements qui leur ont été supposément infligés. Selon Clément Boursin, responsable Afrique de l’ACAT, « la situation des militants des droits humains au Congo est en stagnation depuis plusieurs années. Sans empirer ni s’améliorer, elle se dégrade périodiquement, en période d’élection par exemple. »

La République Démocratique du Congo a réélu en 2023 le président Félix Tshisekedi à 73 % dans une élection marquée par des allégations de fraude électorale. Félix Tshisekedi, ancien opposant, s’est fait élire pour la première fois en 2019 en promettant notamment d’améliorer la situation des droits humains dans son pays, promesse non tenue pour ses opposants et les ONG.

L’ONU impuissante

Entre juin 2023 et avril 2024, le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’Homme en RDC a recensé les cas de 387 défenseurs des droits humains, et 67 journalistes visés par des actes d’intimidations, de menace, d’attaques et de représailles de la part des autorités et de groupes armés. L’ACAT a rapporté plusieurs détentions arbitraires de militants des droits humains issus du mouvement LUCHA, dont un a été arrêté il y a plus de 2 ans.

La Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme de l’ONU, Mary Lawlor, s’est dite alarmée par le nombre croissants de défenseurs de droits humains pris pour cibles en RDC. « Les attaques, les intimidations et les assassinats de défenseurs des droits humains se poursuivent (…) malgré les appels répétés aux autorités », a-t-elle déclaré dans un communiqué du 19 juin 2024.

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