Deux musées britanniques renvoient des trésors royaux pillés au Ghana

C’est un accord historique qui vient d’être signé entre le Ghana et deux grands musées britanniques, le 25 janvier 2024. Il prévoit la restitution à ce pays d’une partie de ses trésors pillés en 1874 par les troupes coloniales britanniques et conservés au British Museum et au Victoria & Albert Museum (V & A). Ces 32 objets en or et argent vont être prêtés pour une durée de trois ans renouvelable, afin d’être exposés au Manhyia Palace Museum ouvert depuis 1995 à Kumasi, l’ancienne capitale de l’empire ashanti, dans le sud du Ghana.

Parmi ces trésors figurent des regalia comme cette épée mponponso vieille de 300 ans, utilisée lors des cérémonies de prestation de serment des monarques ashantis, un calumet de la paix en or ainsi que des ornements dans ce même métal dont le commerce fondait alors la puissance de cet empire. Ils ont été pillés par les troupes britanniques lors de la troisième guerre anglo-ashantie de 1874, puis revendus aux enchères. Sélectionnés parmi des collections plus importantes d’objets ashantis conservées au British Museum et au V & A, ils ont été notamment choisis pour leur caractère représentatif des brillantes techniques d’orfèvrerie des Ashantis.

Le Nigeria réclame aussi le retour de trésors royaux

Ce prêt à long terme intervient après un demi-siècle de discussions entre le Palais Manhyia et le British Museum. En mai 2023, la visite du roi ashanti Otumfuo Osei Tutu II à Londres a accéléré les choses. Celui-ci a sollicité le concours de l’historien ghanéen Ivor Agyeman-Duah et de l’historien écossais et ancien directeur-adjoint de l’université de Glasgow Malcolm McLeod pour faciliter le retour des trésors royaux. Leur rapatriement en 2024 va coïncider avec trois événements marquants pour le royaume traditionnel des Ashantis, un des principaux groupes ethniques du Ghana : le 150e anniversaire de la guerre de 1874, la célébration du centenaire du retour d’exil de l’Asantehene Agyeman Prempeh I, après avoir été banni, et le jubilé d’argent de l’actuel souverain, l’Asantehene Osei Tutu II, intronisé en 1999.

L’accord marque un tournant pour ces deux grands musées britanniques, dans un contexte de revendications croissantes des anciens pays colonisés pour récupérer leurs trésors. Le Nigeria réclame ainsi activement des bronzes de l’ancien royaume du Bénin pillés par les troupes britanniques en 1897 et toujours conservés au British Museum. Autre dossier brûlant pour ce musée : les frises du Parthénon emportées à Londres par le diplomate Lord Elgin alors que la Grèce était sous occupation ottomane et revendiquées par Athènes jusqu’ici sans succès, notamment en raison de l’opposition du gouvernement britannique.

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