Dominique Besnehard et la commission sur les violences dans le cinéma, un documentaire sur le club de rugby de Massy et une exposition sur l’affaire Dreyfus
Dans Tout Public du 14 mars 2025, l’analyse des propos tenus par Dominique Besnehard avec Marine Longuet, membre du Collectif 50-50, le nouveau documentaire « Made in Massy » de Lucie Plumet, dans le club de rugby de Massy-Palaiseau, et une nouvelle exposition sur l’affaire Dreyfus au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme
Publié
Temps de lecture : 5min
/2025/03/17/capture-tout-public-67d82dac95409477039519.png)
Auditionné le jeudi 13 mars 2025 dans le cadre de la Commission d’enquête relative aux violences commises dans le secteur du cinéma, réclamée par l’actrice Judith Godrèche après ses révélations, Dominique Besnehard, ex-agent, producteur et directeur de casting, a remis en cause les paroles de victimes auditionnées par cette même commission. Pour l’ancien agent, « des actrices ont, quand même, un peu dépassé les bornes » en montant dans la chambre d’Harvey Weinstein lors de festivals « pour peut-être faire une carrière américaine« .
Initialement reçu par la commission pour ses connaissances et compétences sur le secteur du cinéma, Dominique Besnehard a davantage « donné son avis« , selon Marine Longuet, assistante de réalisation et membre du Collectif 50-50, militant pour une meilleure parité dans tous les secteurs du cinéma en France. Pour elle, « les gens qui sont sollicités, à qui on donne la parole, ont peut-être tendance à confondre ce qu’ils pensent et ce qu’est la réalité du terrain, la réalité de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et surtout le droit du travail et le droit tout court.«
Les propos de Dominique Besnehard, qui se réclame lui-même de « l’ancien monde« , peuvent, selon Marine Longuet, non seulement « être réactivateurs chez des personnes qui ont été victimes de violences sexistes ou sexuelles« , mais également « semer un climat de défiance, de sous-entendus à l’égard des personnes qui ont le courage et le besoin de témoigner« .
“Quand on se croit dans un ancien monde, s’est souvent que l’on est dans un monde dans lequel personne ne nous contredit jamais.”
Selon Marine Longuet, « cela démontre que les puissants qui sont invités à parler continuent de se comporter comme des puissants, alors que lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est questionner le rapport de force dans l’industrie du cinéma. » Il existe toutefois des perspectives d’évolutions positives. Intervenant dans des écoles de cinéma et d’audiovisuel, Marine Longuet constate « que le regard sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles évolue. (…) Sur les plateaux, le grand changement, depuis janvier 2025, c’est l’obligation de formation. On va être tous ensemble pour réfléchir et se documenter sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Maintenant, on a des alliés, les gens parlent et les rapports de force évoluent.«
S’immerger pendant une saison dans le quotidien des jeunes joueurs du club de rugby de Massy-Palaiseau en région parisienne, parmi les premiers clubs formateurs de joueurs pro en France, c’est ce que propose le documentaire Made in Massy, de Lucie Plumet. Entre coulisses, vestiaires, images de matchs et séquences plus intimes, les images presque cinématographiques du documentaire témoignent de la volonté de la réalisatrice d’avoir eu « envie de bien les filmer« , « en plus de filmer la banlieue, de filmer des jeunes qui ont seize, dix-sept ans« . Lucie Plumet ne voulait pas « d’un registre journalistique ou d’enquête ». Elle souhaitait « au contraire qu’on ait presque l’impression parfois, que c’est une fiction.«
“C’est la banlieue qui se saisit de ce sport, qui en fait un endroit collectif de solidarité. Je crois que c’est ça, aussi, que la série a regardé.”
À la croisée des chemins entre fin d’adolescence, début d’âge adulte et incertitude sur l’avenir des jeunes dans le rugby professionnel, le documentaire nous fait non seulement partager les doutes, réflexions et écueils des joueurs filmés, mais traite aussi « des liens entre les gens, entre les joueurs. Beaucoup parlent les uns des autres, du lien avec l’entraîneur qui les suit depuis qu’ils ont sept ans, qui les connaît parfaitement« . « C’est quand même une aventure humaine qui se joue« , témoigne la réalisatrice au micro de Tout Public et pour qui, « le temps passé avec eux« , faisait ressortir « un peu plus d’espoir en l’avenir« .
Le documentaire Made in Massy, de Lucie Plumet, est disponible sur france.tv
Revenir sur l’affaire Dreyfus par des documents, films, peintures, objets ou dessins pour raconter l’homme et l’époque dans laquelle l’affaire éclate, voilà l’ambition de l’exposition Alfred Dreyfus – Vérité et Justice, présentée au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. 250 documents et une soixantaine d’œuvres d’art dont des dessins, réalisés lors du procès de 1899 à Rennes, présentés pour la première fois, racontent la machination judiciaire dont fait l’objet l’officier à la fin du XIXe siècle.
“Je pense que cette exposition vient au bon moment pour rappeler à quoi peuvent aboutir ces vagues d’antisémitisme.”
Charles Dreyfus, petit fils d’Alfred Dreyfus
Pour Paul Salmona, directeur du musée, cette exposition est l’occasion de montrer que « l’affaire est parfaitement documentée » et ce dernier l’envisage comme « une forme de réponse » à certaines mises en cause de l’innocence de Dreyfus, comme ceux ayant pu être formulées par Éric Zemmour.
Exposition Alfred Dreyfus – Vérité et Justice, au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme jusqu’au 31 août 2025.
Une émission avec la participation d’Anne Chépeau, journaliste au service culture de franceinfo.
Crédit: Lien source