Philosophe, enseignant honoraire à l’Université de Lauzsanne, auteur de nombreux livres dont, dernièrement, « Dévastation, la question du mal aujourd’hui » (Éditions PUF, 316 pages, 18 euros), Dominique Bourg est l’invité d’une conférence organisée par la Communauté d’agglomération Pays basque dans le prolongement de la semaine Klima. Elle aura lieu mercredi 12 mars à 18 heures à la Cité des arts de Bayonne Un peu désespéré, mais combatif, il croit encore à un possible effondrement du climatoscepticisme. Entretien.
La conférence
La conférence de Dominique Bourg aura mercredi 12 mars, à 18 heures à l’auditorium Henri-Grenet de la Cité des arts,
3, avenue Jean-Darrigrand. Ouverture des portes à 17 h 45. 19 h 10, échange avec le public. 19 h 45, séance de dédicace à la Librairie de la Rue en pente, 29 Rue Poissonnerie, à Bayonne
Parmi vos multiples activités, vous êtes l’auteur de nombreux ouvrages sur les causes du dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Comment analysez-vous que la prise de conscience peine à se faire face à cette réalité ?
J’ai longtemps cru que lorsque les problèmes devenaient tangibles, on basculait vers une prise de conscience. À l’inverse, on est tombé dans une sorte de déni caricatural. Je viens pourtant de lire un rapport des compagnies d’assurances, où il est envisagé des baisses de produit intérieur brut de 5 % et deux milliards de morts, dans l’hypothèse d’un réchauffement à 2 degrés. Savoir ça et constater que des dirigeants veulent faire l’inverse de ce qui est nécessaire interpelle.
Considérez-vous que ceux qui nient le changement climatique ont gagné ?
On peut le penser, avec les gouvernements caricaturaux comme celui qui vient d’arriver aux États-Unis. Mais il faut se souvenir que c’est dans les mondes finissants que surviennent ces caricatures. Les USA sont le pays occidental où le taux de mortalité est le plus élevé. Trump prend un pays au bord du gouffre et veut l’entraîner à faire un pas en avant.
Quelles conséquences vous semblent les plus graves ?
L’effondrement des écosystèmes. Parce qu’il n’y a pas de possibilité de retour en arrière. Sur les cinq précédentes extinctions, il a fallu entre cinq et dix millions d’années pour que les écosystèmes réapparaissent. On observe aujourd’hui que les forêts captent de moins en mois de carbone. C’est un véritable signe de pré-effondrement. Le prochain livre que je prépare portera sur les limites de notre planète.
Malgré tout, le grand public ne semble toujours pas convaincu. Qu’est-ce qui vous pousse à continuer d’écrire et de parler ?
J’ai évolué dans ma façon d’écrire. Aujourd’hui, je me mets au récit pour tenter de mieux toucher. Parce qu’il y a des moments ou je n’en peux plus. Nous sommes confrontés à une situation qui n’est pas drôle, avec tous ces « commerciaux » qui prennent le pouvoir. Ce que j’avais envisagé dans un précédent livre, il y a dix ans. Je crois pourtant essentiel, face à ces mafieux orduriers, d’essayer de ne pas se laisser gâter de l’intérieur.
Existe-t-il des pistes pour changer les choses ?
L’histoire nous a montré que des retournements peuvent arriver par surprises. Je sais par exemple qu’au Pays basque, comme dans toutes les Pyrénées, il y a des expériences de développement de l’agriculture autrement. En tournant le dos à la volonté de dominer la nature, d’imposer une domination des riches sur les pauvres et une domination de genre. C’est là que commence la bascule vers une autre vision.
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