Dominique Boutonnat condamné : Judith Godrèche reproche au gouvernement son soutien au président du CNC « jusqu’au verdict »

« Le déni, l’entre-soi. » Mobilisée de longue date pour le retrait du président du CNC, l’actrice Judith Godrèche a accusé vendredi le gouvernement d’avoir soutenu « jusqu’au verdict » Dominique Boutonnat, qui vient d’être condamné à trois ans de prison dont un ferme pour agression sexuelle sur son neveu, par le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Le puissant patron de l’institution, âgé de 54 ans, a annoncé dans la foulée quitter son poste, et indiqué qu’il comptait faire appel, réaffirmant son « innocence ».

À l’annonce du verdict, Judith Godrèche, qui avait demandé dès février devant le Sénat la mise en retrait du patron du CNC, a reproché sur son compte Instagram à Emmanuel Macron d’avoir « reconduit dans ses fonctions » Dominique Boutonnat après « la plainte de son filleul », âgé de 19 ans au moment des faits, qui accusait le quinquagénaire de l’avoir agressé sexuellement en août 2020. Et ce, « malgré les courriers de syndicats, de collectifs, d’associations », a-t-elle rappelé, dont le Collectif 50/50 qui œuvre pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.

L’actrice Judith Godrèche, fer de lance d’une deuxième vague du mouvement MeToo dans le cinéma, a reproché sur Instagram à Emmanuel Macron et Rachida Dati d’avoir soutenu Dominique Boutonnat jusqu’au dernier moment.

Le patron du CNC, qui soutient notamment financièrement la création et les auteurs, avait été nommé en 2019 par le président et reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat de trois ans en juillet 2022, plus d’un an après sa mise en examen dans cette affaire.

« Le président de la République aura ainsi fait le jeu du RN »

La cinéaste et comédienne de 52 ans, devenue fer de lance d’une nouvelle vague MeToo dans le cinéma français après avoir porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour « viol sur mineure », s’en est également prise à la ministre de la Culture Rachida Dati, « qui dit pourtant se positionner du côté des victimes ».

Elle lui a reproché d’avoir « rendu hommage » à Dominique Boutonnat en mai dernier lors du Festival de Cannes, « devant un parterre de professionnels ». La ministre avait en effet remercié le président de l’institution pour « son travail excellent en faveur du CNC », comme le relate Télérama. « Une fois de plus, le déni, l’entre-soi », a cinglé vendredi Judith Godrèche.

L'actrice Judith Godrèche, fer de lance d'une deuxième vague du mouvement MeToo dans le cinéma, a reproché sur Instagram à Emmanuel Macron et Rachida Dati d'avoir soutenu Dominique Boutonnat jusqu'au dernier moment.
L’actrice Judith Godrèche, fer de lance d’une deuxième vague du mouvement MeToo dans le cinéma, a reproché sur Instagram à Emmanuel Macron et Rachida Dati d’avoir soutenu Dominique Boutonnat jusqu’au dernier moment.

L’actrice et réalisatrice a aussi laissé entendre que le maintien du patron du CNC à son poste jusqu’alors a repoussé le choix de son remplaçant, un arbitrage qui reviendra désormais peut-être au Rassemblement national, si ce dernier accède au pouvoir à l’issue des législatives de ce dimanche 30 juin et du 7 juillet, dont il est le grand favori. « Avoir ainsi soutenu Boutonnat jusqu’au verdict fait que ce pourrait être le prochain ministre de la Culture qui choisirait son successeur à la tête du CNC », a-t-elle écrit.

L'actrice Judith Godrèche, fer de lance d'une deuxième vague du mouvement MeToo dans le cinéma, a reproché sur Instagram à Emmanuel Macron et Rachida Dati d'avoir soutenu Dominique Boutonnat jusqu'au dernier moment.
L’actrice Judith Godrèche, fer de lance d’une deuxième vague du mouvement MeToo dans le cinéma, a reproché sur Instagram à Emmanuel Macron et Rachida Dati d’avoir soutenu Dominique Boutonnat jusqu’au dernier moment.

« Sur ce terrain aussi, le président de la République aura ainsi fait le jeu du RN », a tancé l’actrice, qui a vivement critiqué ces derniers jours le programme du parti d’extrême droite, mais aussi le pari risqué d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. « Sur ce terrain aussi, à nous de nous mobiliser pour que le CNC défende les valeurs démocratiques – y compris contre les VSS (violences sexuelles et sexistes) », conclut-elle, dans ce qui ressemble à un appel au vote.

Suite à la démission de Dominique Boutonnat, Rachida Dati a confié « l’intérim de la présidence du CNC à son actuel directeur général délégué, Olivier Henrard », selon un message envoyé aux agents de l’organisation. Cette nomination doit encore être validée par Emmanuel Macron au prochain Conseil des ministres, mais les cartes pourraient en effet être rebattues à l’issue du scrutin, et Judith Godrèche n’est pas la seule dans le secteur à s’inquiéter face à la possibilité de voir une personnalité d’extrême droite arriver aux manettes du CNC.

Dès février dernier, Judith Godrèche avait dénoncé devant les Sénateurs la mise en place de formation contre les violences sexuelles par le CNC dans « un immeuble, une institution dont le président est lui-même accusé de violences sexuelles ». Dans un entretien au Parisien au même moment, elle avait aussi estimé que c’était « un symbole d’avoir à la tête de cette institution un homme qui, même s’il n’a pas encore été jugé, est mis en examen ».

Mi-mai, la cinéaste avait manifesté au côté de militants et professionnels du secteur devant le siège du CNC, pour réclamer la mise en retrait de son président. « La justice doit faire son travail et ce n’est pas à nous de nous positionner », avait alors rétorqué Leslie Thomas, secrétaire générale de l’institution.

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