Dominique de Villepin candidat en 2027 ? Ce que dit ce retour de hype médiatique

Nicolas Cleuet / Le Pictorium / Nicolas Cleuet via Reuters Connect

Dominique de Villepin, ici lors de la Fête de l’Humanité en septembre 2024, est la personnalité politique préférée des Français selon le baromètre Ifop pour « Paris Match ».

POLITIQUE – Les images ont de quoi faire bondir ceux qui étaient étudiants dans les années 2000. Dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne mercredi 5 mars, voilà Dominique de Villepin ovationné par l’assistance avant même qu’il ne prenne la parole. Sur le réseau social X, un mystérieux compte ouvert en juin 2024 et baptisé « Avec Villepin » savoure cet « accueil triomphal ». Drôle d’ironie pour qui se souvient que ces mêmes lieux avaient été occupés en 2006 par 300 étudiants de l’institution, en lutte contre le Contrat première embauche.

Ce CPE qui avait jeté dans la rue toute une génération de jeunes adultes et qui n’a, finalement, jamais vu le jour. Vingt-cinq ans plus tard, et alors que l’ancien Premier ministre est devenu une personnalité appréciée à gauche (il a été bien accueilli à la Fête de l’Huma en 2024), l’intéressé observe un véritable retour en grâce. Au point de se retrouver, ce jeudi 13 mars, en une de l’hebdomadaire Marianne. Le titre ? « Villepin, en route pour l’Élysée ». Rien de moins. Il faut dire que l’ancien secrétaire général de l’Élysée de Jacques Chirac affiche une popularité qui a de quoi rendre jaloux plus d’un acteur politique.

« Une sorte de réhabilitation »

Avec 53 % d’opinions favorables, Dominique de Villepin s’est hissé en tête des personnalités politiques préférées des Français du dernier baromètre Ifop. Selon l’institut de sondages, il n’a jamais connu une telle cote depuis 2005, et sa nomination à Matignon. « Il y a une sorte de réhabilitation, surtout à gauche, notamment grâce à ses prises de position sur le plan international », observait dans Paris Match fin février Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, expliquant que cette figure de la chiraquie « se positionne plus comme une vigie » que comme un responsable affilié à un camp. « Il a, en ce moment, la même chance qu’Emmanuel Macron, celle d’une actualité géopolitique qui rend les questions purement nationales secondaires. Dans ce contexte, il n’y en a pas beaucoup qui font autorité sur ces sujets », analyse pour Le HuffPost Mathieu Souquière, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès.

Selon le chercheur, l’ex-Premier ministre bénéficie aussi de « la nostalgie bienveillante qui s’observe au sujet des années Chirac ». Une période marquée par le souvenir d’une droite « qui refusait l’extrême-droitisation » et « le refus de la France à participer à la guerre en Irak ». Or, c’était bien Dominique de Villepin qui était à la tribune de l’ONU ce 14 février 2003 pour prononcer ce discours historique.

Raison pour laquelle l’intéressé enchaîne les interventions médiatiques, dans un contexte de fortes tensions internationales. Ce jeudi 13 mars, il sera sur France 2 pour en discuter, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann et Sébastien Lecornu, après un passage le matin sur France inter et une invitation la veille chez Quotidien. Un rythme trop soutenu pour être totalement innocent. D’autant que, dorénavant, sa bonne parole est relayée via des comptes officiels sur les réseaux sociaux tout récemment créés. L’ex-Premier ministre dispose aussi d’une newsletter et d’un site pour s’y inscrire.

Villepin 2027 ?

De là à l’imaginer à l’Élysée en 2027 ou, du moins, dans la course pour y parvenir, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent. Ce que le premier concerné, rompu à des années de jeux politiques, prend le soin de ne pas démentir. « L’élection présidentielle est dans deux ans, ne précipitons pas les échéances. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que le président doit partir avant l’heure », a-t-il esquivé sur France Inter. Dominique de Villepin, qui a échoué deux fois à se qualifier (en 2007 et 2012), sait le jeu dangereux. Et qu’il ne suffit pas d’être populaire, voire souhaité par une partie importante de l’électorat, pour pouvoir en être.

Le crash de la candidature de Christiane Taubira en 2022, pourtant plébiscitée à gauche, en témoigne. Car c’est une chose de poser un discours clair et constant sur la situation internationale et les institutions. Mais la souplesse que requiert une candidature à l’élection suprême, où l’on passe du mal-logement à la fiscalité des entreprises en passant par le nombre d’élèves par classe, est une équation bien plus complexe. Car elle implique de se frotter, sans esquiver, aux sujets qui fâchent. Et aussi se mettre à nu, à l’heure où ses relations économiques (réelles et/ou supposées) avec le Qatar alimentent de nombreuses critiques.

Ce qui, fatalement, peut abîmer l’image d’un candidat se plaçant au-dessus de la mêlée. « Sa popularité est factice. Il s’exprime, certes avec talent, sur quelques thématiques internationales, mais ça ne fait pas un socle politique », observe pour Le HuffPost François Goulard, l’ex-député UMP et ancien proche de Dominique de Villepin. Celui qui a depuis rejoint le parti d’Édouard Philippe souligne au passage qu’une aventure présidentielle passe par un solide réseau et une machine militante capable de porter une candidature.

« Il n’a pas les moyens d’être candidat et n’a pas de parti politique. Où sont les maires susceptibles de lui apporter leur parrainage ? », interroge François Goulard, qui rappelle que l’ex-locataire de Matignon n’avait pas fait la démonstration d’une détermination débordante lorsqu’il avait sabordé son microparti, République solidaire. « J’ai plutôt le souvenir de quelqu’un qui n’était pas allé au bout, grince-t-il, et qui avait laissé ses soutiens en rase campagne. » Cette difficulté à faire fructifier une « hype » médiatique est également identifiée par Mathieu Souquière : « il est bon, il a une flamboyance et un capital politique, mais ça ne fait pas forcément un potentiel électoral ». À Dominique de Villepin, qui aura 73 ans en 2027, de prouver le contraire.

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