Dominique de Villepin est-il de gauche ?

Ainsi va la vie de Dominique de Villepin, ancien ministre puis Premier ministre de Jacques Chirac, retirée de la politique active depuis plus de quinze ans et que l’actualité internationale a remis sur le devant de la scène… nationale. L’ancien patron du Quai d’Orsay distille ainsi par petites touches dans les médias, depuis un an et demi, ses analyses sur les guerres en Ukraine et à Gaza, d’un ton docte. Voire un brin méprisant ? Comme ce soir de novembre dernier sur France 2, où, répondant à l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, il faisait remarquer qu’il était le seul ancien diplomate présent. Un ange est alors passé sur le plateau.

« Il reste fidèle à ce qu’il est »

Outre ses critiques contre le pouvoir macroniste, ses déclarations très offensives contre Israël, ou prônant la paix et une forme de modération dans la surenchère verbale, plaisent beaucoup à gauche. Dans le dernier baromètre des personnalités politiques réalisé par l’Ifop pour Paris Match, il s’est classé en première position, séduisant davantage les sympathisants de gauche que de droite (56 % contre 51 %). Il récolte même 66 % d’opinions favorables chez les sympathisants socialistes ! « Il fait un retour remarqué parce que sans outrances, dénonce le renoncement aux valeurs humanistes, à la défense du droit international, et au lien singulier que la France entretenait avec le monde arabe, analyse un membre de la direction du PS. Il reste fidèle à ce qu’il est. C’est la droite actuelle qui s’est clairement déportée dans son mimétisme à l’extrême droite… »

« C’est certain qu’il tranche par rapport à ce que la droite est devenue, abonde de son côté le sénateur communiste Ian Brossat. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il est devenu de gauche. Je ne peux pas lui prêter des opinions qui ne sont pas les siennes. Mais il défend une certaine vision de la France, indépendante des États-Unis, il refuse la guerre des civilisations. » En septembre 2024, il débattait devant une foule plus que bienveillante à la Fête de l’Humanité, provoquant même des applaudissements nourris lorsqu’il défendait la nomination d’un membre du NFP comme Premier ministre.

Syndrome Bernard Cazeneuve

« La réhabilitation vient surtout de la gauche, notamment grâce à ses prises de position sur le plan international, nuance Frédéric Dabi, directeur général délégué de l’Ifop. Cela rappelle 2003 et son discours à l’ONU (contre la guerre en Irak). Depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur Israël, il est devenu très visible. Il est affilié à droite, car il ne se revendique pas de gauche. Mais il se positionne plus comme une vigie, un intellectuel. La gauche dit de lui qu’il est le seul homme de droite valable. Il a le même syndrome que Bernard Cazeneuve : plus populaire dans le camp d’en face que dans sa propre famille ».

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Questionné sur ses intentions pour la présidentielle 2027, l’ancien locataire de Matignon, 71 ans, qui n’est plus adhérent d’un parti, ne ferme pas complètement la porte. Une tribune d’élus appelant à son retour dans la politique active serait même en cours de rédaction… « Je n’ai pas de contact avec lui et ne sais pas ce qu’il veut faire, conclut le communiste Ian Brossat. Mais le débat politique serait clairement plus digne avec des personnalités comme la sienne… » On a connu opposants plus virulents.

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