L’ex-Premier ministre qui a opéré un retour fracassant ces derniers mois, affirme ne pas « mener un combat présidentiel ». Sans cependant s’empêcher de critiquer Bruno Retailleau, candidat potentiel pour l’Élysée. Mais à droite, pas grand-monde n’a oublié l’échec de sa précédente candidature en 2011.
Pas encore l’heure? En plein retour en grâce sur la scène politique ces derniers mois, Dominique de Villepin veille à entretenir le flou sur une éventuelle candidature à la présidentielle tout en s’abstenant de fermer la porte.
« Le fait de dire quelque chose est très différent du fait de mener un combat présidentiel. Je suis pas obsédé par 2027 », a expliqué l’ancien Premier ministre devant l’association de la presse présidentielle ce mercredi 26 mars.
Un retour 17 ans après Matignon
Un chiffre pourrait cependant lui donner matière à réfléchir: celui qu’il affiche dans le classement des personnalités politiques préférées des Français dans un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match publié mardi.
Il cumule 54% de bonnes opinions, soit une hausse d’un point par rapport à février où il avait déjà décroché la première place au-coude-à-coude face à Édouard Philippe. Suffisant pour revenir sur le devant de la scène presque 17 ans après son départ de Matignon et son retrait de la vie politique?
« Si j’avais de l’ambition » pour la présidentielle, « je ne me serais pas exprimé » sur l’international, a assuré Dominique de Villepin.
Nouvelle égérie de la gauche
C’est pourtant précisement sur ce sujet que l’ancien locataire de Matignon capitalise depuis des mois. Se positionnant comme le défenseur d’une ligne d’équilibre sur le conflit entre Israël et le Hamas, souvent porte-voix de la position des pays arabes, l’ex-patron de la diplomatie française peut même se targuer de soutiens étonnants pour un homme qui a fait toute sa carrière à droite.
Il a ainsi été largement salué par Manuel Bompard, le patron de La France insoumise, qui a, à plusieurs reprises, évoqué « la parole utile » de Dominique de Villepin.
Il faut dire que depuis son discours devant les Nations unies en 2003 contre une intervention militaire en Irak, Dominique de Villepin, qui a toujours assuré défendre une vision gaulliste de la relation entre la France et le Moyen-Orient, est regardé avec bienveillance par la gauche dans son entièreté.
L’ancien Premier ministre n’a pourtant pas laissé que des bons souvenirs, en particulier aux socialistes. En 2006, alors chef du gouvernement, Dominique de Villepin décide de lancer le CPE, le contrat première embauche, pour lutter contre le chômage de masse des jeunes.
Le flou des propositions
Très vite, cet outil, réservé aux moins de 26 ans et qui permet une période d’essai de deux ans au lieu de huit mois maximum, met les salariés et la gauche dans la rue, avant que la jeunesse ne se mette à battre le pavé. Face à l’une des plus grandes manifestations des dernières décennies, Jacques Chirac, lâché par ses propres troupes qui ont refusé de soutenir le texte à l’Assemblée nationale, finit par reculer.
Interrogé sur les mesures qu’il pourrait porter lors de la présidentielle de 2027, Dominique de Villepin s’est d’ailleurs bien gardé de toute précision.
« Je ne crois pas à un programme de principes », a ainsi expliqué l’ancien Premier ministre, semblant mettre ses pas dans ceux d’Emmanuel Macron qui, une fois entré en campagne en 2016, avait mis des mois avant de dévoiler des propositions concrètes.
Retailleau et « l’image de l’impuissance de l’État »
Le flou a le mérite d’éviter de donner à ses adversaires des billes à son encontre, à commencer par Bruno Retailleau, candidat potentiel à la présidentielle de 2027.
Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Intérieur et Dominique de Villepin n’ont eu de cesse de croiser le fer. Après avoir dénoncé sur BFMTV une « surenchère » et « une forme d’amateurisme » dans ses propos sur l’Algérie fin février, l’ancien locataire de Matignon l’accuse désormais de « donner une image de l’impuissance de l’État ».
Réponse de Bruno Retailleau quelques jours plus tard au Salon de l’agriculture: « Je m’en fiche comme de ma première chemise ».
« Son sujet, ce devrait être la hausse des agressions faites aux personnes », en nette hausse ces dernières années, l’a tancé à nouveau l’ex-diplomate devant la presse présidentielle, jugeant « dramatique » de « parler d’Algérie sans être capable de donner des réponses ».
L’ancien Premier ministre pourrait donc bien gêner les ambitions qui se bousculent chez les LR pour la présidentielle de 2027. Mais dans son ancienne famille politique, pas grand-monde n’a oublié que Dominique de Villepin avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2012 avant de renoncer, faute de récolter les 500 parrainages nécessaires.
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