Dominique Pinon et Charlélie Couture à l’affiche du dernier court-métrage d’un jeune comédien tourangeau

Le dernier court-métrage de Léopold Bellanger, un comédien issu du Conservatoire de Tours, sera présenté ce dimanche 30 mars en avant-première aux cinémas Studio. Une comédie horrifique où se côtoient Dominique Pinon, Charlélie Couture et…la grand-mère du jeune réalisateur.

S’il a proposé à sa grand-mère de jouer dans son dernier film (« pour qu’elle découvre mon métier« , dit-il), Léopold Bellanger a déjà réalisé des courts-métrages avec Jean-Claude Dreyfus (La Fin, en 2017), ou Rufus (Oubli, en 2020). Mais comment un jeune réalisateur sans le sou parvient-il à afficher de telles personnalités dans ses castings ?

Des amitiés se sont scellées sur le tournage de Vive la crise !, un film réalisé par Jean-François Davy et sorti en 2017 :

« J’avais un rôle dans une bande d’amis, raconte Léopold Bellanger, et parmi les autres comédiens figuraient Rufus, Jean-Claude Dreyfus et Dominique Pinon. Voilà, ça a matché entre nous et, tout simplement, je les ai appelés lorsque j’ai eu des propositions à leur faire sur des courts-métrages, pour qu’ils viennent à titre gracieux. Car je n’ai pas de subventions, je les demande mais on ne m’en file jamais, donc je me débrouille. Charlélie, je lui ai envoyé un mail, tout simplement, il m’a dit que ça l’intéressait et lorsque j’ai précisé que je n’avais pas d’argent, il a répondu que ça n’avait pas d’importance… »

S’il les a rencontrés plus de 20 ans plus tard, Léopold Bellanger a fait appel pour ses courts-métrages à des comédiens qui nous ramènent à l’univers très singulier des films de Jeunet et Caro : Jean-Claude Dreyfus, Dominique Pinon et Rufus étaient déjà à l’affiche des incroyables Délicatessen ou La Cité des Enfants Perdus.

« Ce sont des comédiens que l’on oublie un peu trop parce qu’ils n’ont pas le côté star, mais sur scène ou devant une caméra, ils sont juste bluffants, à chaque fois. Je ne suis pas réalisateur mais comédien, à la base, et me mettre en scène, personnellement, face à des gens aussi talentueux, ça me permet de travailler mon jeu, tant leurs répliques sont justes. »

Le principe du bénévolat vaut aussi pour l’équipe technique. Léopold peut compter sur ses amis, sur un réseau de passionnés qui rappliquent aussitôt avec tout l’équipement nécessaire :

« J’ai vraiment de la chance car j’ai beaucoup de connaissances dans la région, des gens très talentueux qui, en plus, disposent de leur propre matériel. Sur Excusez-moi ! par exemple, mon chef opérateur avait une caméra Black Magic qui coûte une blinde et que je n’aurais certainement pas pu louer ! Et le fait que les techniciens connaissent le matériel permet aussi de gagner du temps. »

Des acteurs particulièrement attachants, avec une vraie gueule et une forte personnalité. Et une course perdue d’avance après les aides et les financements…Voilà une façon de faire du cinéma, dans l’urgence et la passion, qui rappelle étrangement celle d’un certain Jean-Pierre Mocky. Et ce n’est sans doute pas un hasard :

« À 17 ans je me suis présenté pour un film de Mocky après avoir lu une annonce de casting. J’y étais allé un peu au pif, mais après il a fait à nouveau appel à moi pour cinq de ses films. C’était vraiment agréable, tellement dans l’humain ! Tout le monde mange au même endroit, tout le monde a la même paye, enfin, c’était plutôt au black, à l’arrache, c’était du Mocky, quoi ! Pas de star, tout le monde sur un pied d’égalité, ce sont des ambiances de tournage que j’aime bien retrouver. »

Tournage qui fut très bref, deux jours en mai 2024, pour le dernier court-métrage. Pas facile de concilier les agendas respectifs des sieurs Pinon et Couture. Après avoir écumé les cimetières de la région pour trouver le décor d’Excusez-moi ! Léopold a jeté son dévolu sur celui de Marcé-sur-Esves, une commune située à mi-chemin entre Descartes et Sainte-Maure de Touraine :

« J’ai tout de suite flashé sur ce petit cimetière accolé à une belle église, je tenais mon décor. Mais il fallait encore convaincre la mairie, participer à des conseils municipaux pour expliquer le projet. Il y avait un peu de réticence au début, mais ils ont fini par accepter. Au final, ils nous ont vraiment bien accueillis et beaucoup aidés. Ils nous ont même autorisés à creuser un trou dans le cimetière, on en avait vraiment besoin pour le film, mais c’était loin d’être évident pour les habitants ! »

Des délais très restreints, mais tout s’est passé pour le mieux et le montage de Excusez-moi ! a été achevé en décembre dernier.

Avec Oubli et La Fin, en guise d’apéritif, ce dernier court-métrage de Bellanger sera projeté en avant-première aux cinémas Studio, ce dimanche 30 mars à 11H00, en présence du réalisateur. Tarif d’entrée à 2,50 €, réservation conseillée sur https://www.studiocine.com/fiche-film/excusez-moi.html

« Je n’ai pas vraiment l’intention de devenir un grand réalisateur un jour, je suis avant tout comédien, affirme Léopold Bellanger. J’aime juste raconter mes petites histoires, puis appeler les copains et voir si l’on arrive à en faire quelque chose… »

L’artiste tourangeau s’apprête pourtant à franchir un cap, avec un long-métrage très ligérien dont le tournage devrait débuter l’été prochain :

« C’est encore une histoire entre amis et on mettra sûrement deux ans à le faire puisque nous n’avons aucun moyen ! Mais on va bien rigoler, ça c’est sûr…Je vais y jouer, et le coréaliser avec un ami de longue date, un frère, Cédric Bouet. Un road-trip en bord de Loire que l’on tournera peut-être à Varennes-sur-Loire, le village de mes parents, histoire que l’on nous prête des lieux, cela facilitera la tâche ! »