Dominique Plihon, économiste : « Il faut mettre les actionnaires en minorité pour reprendre le pouvoir »

Comment définiriez-vous la financiarisation de l’économie ?

Dominique Plihon

Économiste, membre du conseil scientifique d’Attac

Il s’agit de la montée en puissance de la finance dans nos entreprises et, bien au-delà, dans la société en général. Les détenteurs de capital financier – il s’agit le plus souvent des actionnaires – ont acquis un pouvoir exorbitant qui a déséquilibré le rapport de force entre le capital et le travail. Le tournant s’est opéré dans les années 1970-1980, via une vague de libéralisation financière et de privatisations. Jusque-là, on était en France le pays développé dans lequel la part de capital public dans l’industrie ou la banque était la plus importante. Mais à partir du milieu des années 1980, nous avons privatisé systématiquement tout ce qui avait été auparavant nationalisé.

Cette époque marque le basculement de l’économie vers un capitalisme actionnarial, dans lequel le rapport de force est extrêmement favorable aux détenteurs de capital financier et à leurs représentants, c’est-à-dire les dirigeants d’entreprises. Ce basculement s’est traduit par un nouveau partage des richesses. Il faut préciser que ce mouvement a été accompagné par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis lors, quelle que soit leur couleur politique.

Dans le même temps, on a assisté à une libéralisation de la finance sur le plan international : en facilitant les mouvements de capitaux et notamment les investissements directs étrangers (IDE), on a permis aux multinationales de développer des chaînes de valeur globales, en jouant sur les différences de niveaux de salaires et de fiscalité entre les pays.

Que pourrait faire la gauche, si d’aventure elle arrivait au pouvoir, pour stopper ce mouvement qui semble irrésistible ?

D’abord, modifier la loi fixant les règles de fonctionnement des entreprises, pour donner davantage de pouvoir aux autres parties prenantes : il faut accorder une place importante dans les organes de direction (surtout les directoires) aux représentants de salariés, mais aussi aux

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